please forgive me, i got demons in my head (tony)

La pièce est silencieuse.
Tes mains sont jointes entre tes genoux, les jambes écartées et la posture en avant. Ton dos penché, tes yeux observent la salle. Elle n’abrite pas grand-chose, ni même une âme chaleureuse, seule passerelle, neutre, qui te permettra de passer de l’autre côté. Encore faudrait-il que tu y parviennes. Tu n’es ni en territoire allié, ni en territoire ennemi. Sauf que tu ne t’entends pas avec les gens d’ici. Tu ne t’entends pas avec les survivants. Tu ne t’entends pas avec les héros. Et HYDRA, tu lui as tourné le dos. Les mensonges, c’était trop. Beaucoup trop. Et tu refuses de continuer ta vie à nager en plein dedans. Tu veux sortir la tête de l’eau, t’extirper de l’océan, et enfin pouvoir t’envoler de tes propres ailes. Bâtir ta vie, te détacher définitivement des péripéties qui ont su influencer ton passé tortueux. Tu veux en finir avec les cicatrices qui se multipliaient au fil de tes missions, tu veux en finir avec le sang coulé de tes adversaires. Tu cherches une paix que, tu le crois, tu ne pourras trouver qu’ici. Tu l’espères, en tout cas.

Ta patience imperturbable, ton esprit comptait chaque seconde qui s’écoule et continue de te repérer dans le temps. Ça fait bien une vingtaine de minutes que tu es enfermée ici, et t’es même pas certaine de pouvoir repartir de ton plein gré. Mais tu veux éviter les conflits. Alors tu ne feras rien. Tu ne lutteras pas. Ton instinct te pousse, malgré tout, à ne pas baisser ta garde en cas d’une éventuelle situation périlleuse qui pourrait survenir, mais la pièce est toujours silencieuse. Et toi, tu ne bouges toujours pas. A quoi bon ? Pourquoi faire ? Tes yeux observent la pâleur des murs, celle du sol, la surface métallique de la table qui se présente face à toi et, en son milieu, un dispositif particulier. Ce dispositif, allumé, ne capte rien. Pour l’instant. Tu sais très bien quel est son but, et lorsque ton regard retombe dessus, il ne semble plus pouvoir s’y détacher. C’est au bout de ces vingt minutes que tu te permets l’accès à tes souvenirs. Aux embûches parcourues jusqu’ici. Le silence ne te paraît pas pesant, mais reposant. Il n’est pas lourd, ni angoissant. Il te permet de détacher tes nerfs d’un mode de survie que tu tires de la Chambre Rouge, d’instincts qui t’ont permis de rester vivante jusqu’à aujourd’hui. HYDRA, l’AIM… tous les choix que tu avais pu faire dans ta vie n’ont jamais réellement été les tiens, manipulée telle une marionnette depuis ta rude adolescence, bousculée et conditionnée pour agir telle une poupée de chiffon. Tu te jurais que plus jamais ça n’allait arriver. Plus jamais.

C’est un bip provenant du dispositif mis en place sur la table qui te tire de tes réflexions. Tes sens en alerte, ta posture se redresse, le dos droit et les sourcils froncés. La personne qui était supposée déjà quelques minutes plus tôt, en retard, se connectait. Et c’est un visage que ne t’est pas inconnu qui apparaît, mais sur lequel tu ne parviens plus à poser un nom. Avant toute chose, je suis obligée de demander. On s'est déjà croisés non ? T'es lequel déjà ?