The penitentiary ✫ Sigyn & Loki

Tôt ou tard quelqu’un aurait remarqué quelque chose. C’est toujours ainsi que cela se passe. Il le savait, mais jamais il n’aurait cru que cet événement arriverait aussi tôt. Loki s’attendait à voir son frère débarquer un jour ou l’autre, mais dans très longtemps, pas seulement après quelques mois de règne. Prendre les directives de la cité Asgardia, lui avait permis d’avoir un œil sur sa famille, même s’il n’avait pas sa propre apparence et même si ces derniers étaient à sa recherche. Il n’a cependant pas levé le petit doigt pour leur faire comprendre qu’il était ici. Par manque de confiance sûrement ou plutôt pour ne pas leur faire porter ce secret, ne sachant s’ils seraient capable de tenir leur langue. Puis, Loki ne l’admettra pas, mais en présence de Sigyn, il lui était impossible de ne pas être Thor à cent pourcent. Cette impression qu’elle serait capable de le démasquer ne cessait de l’envahir. Et le Géant de Glaces a été démasqué mais sûrement pas par son épouse. Comme quoi, on ne peut pas sceller un marché avec n’importe qui. Chose qui se paiera le moment voulu. Dès qu’il sera sorti d’ici, ce qui ne saurait tarder. Pour le moment, il était retenu prisonnier par son horrible frère. Enfermé dans des appartements pas trop mal vus de l’extérieur, Loki n’appréciait guère d’être retenu contre son gré. Détail qui l’empêchait d’avouer que Thor ne s’était pas fichu de lui en le retenant ici. Pendant combien de temps cela dit ? Impossible à dire, donnant ainsi l’impression qu’il se trouvait dans une prison. N’importe quelle cellule, aussi dorée soit elle, ne pourrait être appréciée lorsqu’on ne peut en sortir. Tel un lion en cage, Loki tournait en rond. Incapable de rester en place plus d’une poignée de minutes, son regard avait sillonné l’endroit à la recherche d’un moyen d’en sortir. Comme quoi son frère progressait avec le temps, il s’était arrangé pour qu’il reste là où il l’avait mis, sans lui laisser le loisir de se faire la belle comme à son habitude. Dommage, à l’avenir il lui faudra redoubler d’effort pour parvenir à le duper. Ce qui risque de mettre un peu plus de piment dans ses prochains tours. Finissant par s’asseoir, le Dieu de la Malice et de bien d’autres choses donnait l’impression de capituler. Ce qui n’était pas le cas, mais il se doutait que d’ici quelques instants quelqu’un ferait son entrée dans les lieux. Autant ne pas leur donner satisfaction de le voir ainsi agacé par la situation. De toute façon, le Jotun ne comptait pas passer son temps à ruminer. Le mieux  restait encore de monter divers plans. Il y en a bien un qui fonctionnera. Organisant déjà sa prochaine évasion, un léger sourire étira l’un des coins de ses lèvres. Un rictus à peine perceptible qui s’effaça presque aussi rapidement qu’il n’était apparu. Comme Loki l’avait prévu, une personne venait bien de faire irruption dans la pièce. Comme il s’en doutait, il s’agissait d’un Asgardien ou plus précisément d’une Asgardienne. Pourtant, s’il avait pensé une poignée de secondes, que c’est Thor qui ferait son entrée, pour encore le questionner ou même le menacer, il n’en était rien. Sigyn se tenait là, à l’entrée de la pièce. Leurs regards ne purent faire autrement que d’entrer en collision. Pourtant, Loki ne montra pas son étonnement, feintant alors simplement l’ironie. « Mon frère a vraiment une façon étrange de retenir ses prisonniers en captivité. D’abord un appartement quasiment aussi attractif que le sien et maintenant, j’ai le droit à des visites conjugales. » Il pouvait bien se montrer arrogant et sûr de lui, la vision de leur dernière confrontation ne faisait que de lui revenir en tête. C’est injustement qu’il l’avait laissé derrière lui, l’abandonnant sur place en la tenant pour responsable de tous ses maux. Pourtant, encore à l’heure actuelle, Loki pensait avoir été dans son bon droit, ne reconnaissant ainsi jamais ses erreurs. Se remettre en question n’est vraiment pas quelque chose qui lui effleurerait l'esprit. « Mais tu me déçois Sigyn, je ne pensais pas que tu serais ainsi à la botte de Thor. Je te croyais plus intelligente que ça. » En vrai, ça l’avait agacé de découvrir que son épouse se trouvait à Asgardia, raison pour laquelle le Dieu n'avait rien fait pour l'approcher. Il ne comprenait pas comment elle était parvenue à se faire enrôler par le fils d’Odin. Se relevant et joignant ses mains entre elle devant lui, Loki entreprit de faire quelque pas dans la pièce, comme s’il pouvait bien s’en ficher de cette situation qui devrait le mettre mal à l’aise. « De nos jours, la fidélité n'est plus ce qu'elle était. » L'attaquant gratuitement, il se montrait piquant. Tel un besoin de déverser sa rancoeur contre quelqu'un, son épouse essuierait sa frustration d'être ainsi prisonnier. Alors que dans le fond, s'il n'avait pas l'ombre d'un doute sur un sujet, c'était bien sur la loyauté de Sigyn pour lui.

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The penitentiary
Sigyn Freyadottir & @Loki Laufeyson

In this world so full of fear, full of rage and lies; I can see the truth so clear, In your eyes

Il lui avait semblé bizarre. Mais Thor avait toujours un côté bizarre qui avait mis Sigyn mal-à-l'aise dès le départ : si elle avait adoré sa reine, l'asgardienne ne s'était approché de ses fils que tardivement et dans le cas du dieu du tonnerre, elle avait toujours conservé une distance de sécurité. Était-ce de connaitre les états d'âme de Sif ? Était-ce son tempérament suffisant ou ce sourire en coin qu'il arborait quand il avait confiance en lui, elle n'aurait su le dire. Mais sans dire qu'elle ne l'appréciait pas, elle n'avait jamais réussi à totalement se détendre en sa présence. Aussi avait-elle trouvé Thor étrange lorsqu’il était soudainement revenu à Asgardia mais Sigyn ne s’en était pas plus préoccupé que cela. Elle l’avait longuement cherché lorsqu’elle arpentait Midgard avant l’A-Day et imaginait que son étrangeté relevait plus du traumatisme de passer de héro à paria que d’autre chose. Les regards fixes sur sa personne ne firent qu’accentuer son malaise : se demandant alors s’il partageait, comme Sif, l’idée qu’elle serait une traitresse … Et elle ne pouvait leur donner tort. Combien de fois avait-elle regardé le vide sous Asgardia, s’interrogeant sur sa capacité à rejoindre Midgard sans se blesser ? Mais ce monde était si vaste, et elle l’avait déjà tant cherché. A ses élans s’opposaient de grandes phases de détresse dans lesquelles elle se trouvait être inconsolable, dans lesquelles elle s’isolait chaque jour davantage, se coupant du monde.

Mais la supercherie fut démasquée. Ce Thor si étrange n’était pas celui qu’il prétendait être et après l’obstination et la tristesse vint la colère. Comment avait-il osé ? Comment avait-il pu ? L’abandonner dans cette grotte n’était-il pas une punition suffisante ? Devait-il en plus venir la narguer, l’observer sous les traits d’un autre tandis qu’elle pleurait son absence ? S’il était une chose qu’Asgardia avait découvert, c’était qu’une Sigyn en colère pouvait être aussi redoutable que n’importe quel guerrier du refuge. Elle possédait une magie primaire, incontrôlable, une énergie qui s’échappait par bribe en de rare occasion, qu’elle ne parvenait à maitriser qu’en Sa présence mais qui explosait lorsque se fronçait le front délicat de la déesse de la fidélité. Obtenir le droit de le voir n’avait pas été facile, mais c’était sans compter sur son beau-frère et en faisant directement face à Sif que l’asgardienne avait obtenu son laisser-passer vers ce qui, à ce jour, servait de prison à son époux.

L’endroit aurait pu être pire, songea Sigyn en entrant. Loki avait toujours aimé le luxe et le confort, son privilège de Roi lui avait-il dit un jour. Et par Odin, elle savait qu’ils avaient connu endroit bien moins reluisant que celui-ci ! Elle se figea en le voyant. Là. Le même. L’inchangé. Loki et son éternel sourire moqueur. Loki et son éternel regard défiant. Que cachait-il réellement sous le masque de cette provocation ouverte ? Elle ne bougea pas davantage lorsque sifflèrent les premiers mots, bien qu’elle eut envie de lui montrer ce qu’il méritait, en terme conjugal, pour l’avoir laissé seule, pour l’avoir ignoré. Elle était Sigyn, fille adoptive de Freya. Elle était sa reine et elle méritait bien mieux que d’être laissé derrière comme une vulgaire mortelle. Son regard se durcit.  « Je ne pensais pas que les tresses blondes étaient ta dernière lubie. » répondit-elle avec amertume tandis qu’il l’accusait à demi-mot d’être plus fidèle à un autre fils d’Odin. Elle prit place sur un fauteuil, tentant d’ignorer les mots aussi durs que le regard qu’il avait sur elle. « Tu te ramollis, Loki. » finit-elle par dire, plongeant un regard glacial dans celui de son époux. « L’homme que j’ai épousé était capable de se faire passer pour un autre bien plus longtemps que ça. Et il couvrait ses traces. » Si elle était heureuse de savoir qu’il n’avait pas commis l’irréparable en s’en prenant à Thor, elle le mettait face à ses propres erreurs. Il avait décidé de la laisser de côté : elle n’allait certainement pas le louper ! « Tu ne te serai jamais laissé prendre aussi bêtement. » C’était une mauvaise idée de le pousser de la sorte, mais la colère froide qui l’animait exigeait de sortir, après près de deux ans à le chercher sans relâche. Elle ne voulait répondre à ses provocations : si elle entrait dans son jeu, elle perdrait. Elle perdait tout le temps face à lui. Mais aujourd’hui, elle ne se rendrait pas sans combattre.

 

La solitude, le besoin de se sentir aimé et sûrement également le besoin d’éprouver ce sentiment qui lui a fait tant défaut. Loki est un être difficile à cerner. Certains clameront qu’il est sans coeur et qu’il est incapable d’aimer quelqu’un d’autre que lui-même. Frigga dira probablement que son fils cache bien son jeu et lorsqu’il aime quelqu’un, c’est de tout son être et que c’est ce qui pourrait le détruire. Il n’y a qu’à voir sa réaction quand Odin lui a révélé la réalité. S’il n’était pas en mesure d’éprouver ce genre de sentiment pour d'autres, aurait-il seulement réagi aussi impulsivement ? Pourtant, personne ne semblait assez bien pour pouvoir raviver cette flamme. Il a alors voulu créer une famille, notamment sur Jotunheim, mais n’aimant pas cette Géante de Glaces, rien ne l’y retenait. Peut-être sa petite Héla, douce petite fille qu’il n’a pas osé ramener avec lui. Odin ne lui aurait pas permis de garder l’enfant sur Asgard, sa véritable maison. Celle qui l’a vu grandir. C'est avec une boule au ventre qu'il l'avait laissé parmi les siens, ne voulant pas lui infliger ce qu'il avait lui-même vécu enfant. Persuadé être incapable d’ouvrir son coeur à quelqu’un, le Jotun trouvait amusant de courtiser la prétendante d’un autre. Il n’aurait pas choisi une femme au hasard, c’était la plus jolie à ses yeux. Celle qui parvenait à capter son regard. Celle qu’il aurait voulu “souiller” avant le mariage. Mais bientôt prisonnier de son propre jeu malsain, il n’éprouvait plus aucun amusement à séduire la promise d’un autre. A l’opposé, c’était de la jalousie que de savoir qu’elle serait un jour la femme d’un idiot qui ne la méritait pas. C’est là, que sans le savoir, Loki a fini par ouvrir son cœur à une autre personne. C’est à ce moment précis qu’il est littéralement tombé sous le charme de la douce Sigyn, commettant l’irréparable pour demeurer à ses côtés. Ce n’est que bien trop tard qu’il a compris qu’elle lui était indispensable et qu’il l’aimait véritablement. Son absence a pansé ce besoin d’être à ses côtés, se voilant ainsi la face. Mais la vérité lui a éclaté en plein visage. Si ses plans sont toujours très bien ficelés, Loki n’avait pas songé que de se retrouver si proche de sa femme et de leurs fils aurait été si difficile sous l’apparence d’un autre. Il commettait très certainement des erreurs, portant parfois un regard qu’il ne devait pas sur cette magnifique femme qui était sienne. Toujours aussi ravissante, son allure demeurait inchangée et si aujourd’hui, elle se tenait devant lui, Loki sentait bien que quelque chose se passait au plus profond de son être. Il ne pouvait plus faire semblant, il était lui-même. Cette loque qu’elle a épousée sans même le savoir. Parfois, le Jotun se demandait encore pourquoi elle n’avait pas tout fait pour mettre un terme à cette mascarade. Quant à lui, la crainte le poussait toujours à repousser les gens auxquels il tenait. Peur d’être trahi, abandonné, peur d’affronter de nouveaux mensonges, lui qui en est visiblement le roi. Alors, d’entrée de jeu, il se montrait dédaigneux envers la seule personne qui lui vouait une fidélité à toute épreuve. D’entrée de jeu, il repoussait celle qu’il mourrait d’envie de prendre dans ses bras. Peut-être qu’après tout ce temps, Sigyn le connaissait bien mieux que Thor et Frigga réunis. Après ses paroles venimeuses, elle le poussait dans ses retranchements, jouant au même jeu que lui. L’élève tentait de dépasser le maître. Et elle serait capable d’y parvenir s’il n’y avait pas dans son regard, cette étincelle. Ce feu brûlant uniquement en sa compagnie, uniquement pour lui. Il l’avait remarqué il y a bien longtemps alors qu’elle repoussait constamment ses avances. Sa bouche déversait des excuses, des pseudos vérités pour se débarrasser du fils adoptif d’Odin, alors que ses yeux l’imploraient d’intervenir et de ne pas la laisser épouser un homme qu’elle ne serait pas certaine d’aimer. Peut-être était-ce simplement les désirs d’un Dieu reconduit, dont l’égo prenait une claque magistrale. C'était ce que Thor lui avait alors dit, quand il voyait son frère sombré petit-à-petit en s'accrochant au désir d'avoir cette fille à son bras. Un claquement de langue discret, pour seule réponse quand elle l’attaqua verbalement. Elle venait de faire naître en lui cette impulsion électrique qui vous traverse le corps de la tête aux pieds, vous faisant démarrer au quart de tour. Le faisant généralement démarrer bien plus rapidement encore. Mais il resta de marbre, pour se prouver qu’il était capable de cacher ses émotions. Ses sentiments qui l’ont sûrement trahi, rien que dans son regard. Il s’était ramolli, Sigyn avait raison et elle en était la coupable parfaite. « Ce n’était pas fait pour durer. » Le Jotun ne voulait pas admettre qu’elle avait raison. Il voulait qu’elle pense qu’il y avait un monde, voir une galaxie entre lui et un plan foireux. Pourtant, Loki avait passé des longues semaines de torture, tandis qu’il ne pouvait se dévoiler à son épouse. Il vivait alors le retour de Thor comme une trahison, mais également comme une libération. Feintant la frustration de s’être fait avoir auprès de son frère, n’en était-il pas autrement finalement ? « Comment aurais-je pu honorer ma promesse et faire de toi ma reine, si j’étais resté coincer avec l’horrible tignasse et l’air niais de mon frère ? Lady Sif ne te l’aurait jamais pardonné. » Rajouta-t-il finalement avec ironie comme pour camoufler le fait qu’il venait de lui dévoiler ce qu’il ne pouvait rêver de meilleure épouse qu’elle. Il ne l’avait pas dit dans ces termes, mais avec Loki, il faut apprendre à lire entre les lignes. « Infirmière...tu es infirmière. Tu touches les gens. » Dit-il avec dégout comme si c'était la pire chose qu'elle pouvait faire. Mais comme il se devait de changer de sujets, Loki préféra attaquer sur ce terrain. Et bien que dans sa voix, il y avait du dédain et de la moquerie, il cherchait surtout à dissimuler une pointe de jalousie naissante. Il est probable qu'elle ait eu à toucher d'autres hommes et que certains ne l'aient pas laissé insensible. Se remettant à faire les cents pas dans cette cellule, il songea un instant à ces moments dans la peau de Thor, à lorgner sur le déhanché de sa chère et tendre. Il s’arrêta finalement, restant de dos, avant de se retourner pour planter son regard dans le sien. « Je n’ai pas changé, il n’y a que toi qui sais comment me prendre. » Jouant sur les mots, Sigyn pouvait choisir le sens qu’elle voulait à cette phrase. Dans l’intimité tout comme au quotidien, elle était la seule capable de vraiment le percer à jour. Ce qui était dangereux, parce qu’elle commençait à voir clair dans son jeu, bien qu’elle n’avait pas encore découvert qu’il se cachait sous l’apparence de son frère. Sigyn n’était pas là pour se prendre toute sa rancoeur dans les dents. Elle n’y était pour rien et n’avait jamais rien fait pour mériter un tel traitement. Loki était capable de se rendre compte qu’il allait trop loin. Même en lui tendant des perches pour se faire pardonner, il savait que ce qu’elle avait traversé devait être horrible. Ne pas savoir pourquoi il était parti, ne pas savoir s’il allait revenir et pire encore, s’il était vivant. De quoi vous flanquer d’horribles cauchemars aussi bien le jour que la nuit. Le Dieu de la Malice finit par briser les quelques mètres qui les séparaient encore. Pliant les genoux, il s’accroupit près de l’accoudoir du fauteuil dans lequel elle avait pris place en arrivant. Ses doigts attrapèrent la main de sa Déesse, qu’il porta jusqu’à ses lèvres déposant un baiser dessus. Même s’il joue parfois le rustre, ses bonnes manières ne sont jamais bien loin. « Me pardonneras-tu ? » Son regard essayait de capter le sien. Là encore cette simple question était lourde de sens. Il avait tant de choses à se faire pardonner à commencer par sa fuite, par son absence, par son comportement et ses nombreuses fautes.

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The penitentiary
Sigyn Freyadottir & @Loki Laufeyson

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Le regard sombre du dieu de la malice était comme un feu brulant sa peau: elle ne s'était, certes, guère attendu à d'émouvante retrouvailles. Les embrassades et témoignages d'affection n'étaient réservé qu'aux étreintes intimes, loin des regards et des jugements, loin de la perfection qu'il avait voulu incarner un temps, loin de ceux qui pourraient y percevoir une marque de faiblesse. Mais si elle ne s'était attendu à des embrassades et des mots d'amour, la froideur dont il fit preuve, l'amertume de ses mots la blessèrent bien plus qu'elle n'aurait voulu le reconnaitre. Durant leur séparation, elle s'était imaginé, dans ses moments d'espoirs ridicules, qu'il ne l'avait pas sciemment laissé derrière, que cela faisait parti d'un plan plus grand, qu'il viendrait la chercher. Qu'il viendrait LES chercher. L'âme en peine, le coeur brisé, Sigyn avait vu s'échanger les places: au lieux de prendre soin de leurs garçons, c'étaient eux qui avaient du s'occuper d'elle. N'était-ce pas là, le comble de la honte pour une asgardienne fière telle qu'elle l'était ? Comme ce simple rougissement au contact du fils de celle qui la protégeait s'étaient transformé en de si profond sentiment qu'elle ne parvenait à supporter cet abandon ? Malgré tout, elle ne parvenait à regretter ce mariage, n'imaginant nullement ce qu'une existence auprès de Theoric aurait pu être. Dans sa tristesse, Sigyn ne pouvait regretter ce qu'Il lui avait fait vivre, ni les deux beaux garçons qu'il lui avait donné. Ses précieux fils, ses enfants dorés. Néanmoins, la force qu'elle avait retrouvé au fil des années, la détermination qu'elle s'était découverte en venant sur Midgard, fondait comme neige au soleil face au Seul qui comptait réellement. « Tiens donc ? » lui dit-elle alors, répondant avec cynisme pour cacher la peine que ses paroles lui faisait. Le regard sévère de la jeune femme -plus si jeune si l'on prenait en référence la vie des mortels qui possédaient ce monde - évita celui de son mari. « Vas tu maintenant me dire que de flirter avec elle était pour mon bien ? » siffla-t-elle, connaissant très bien les sentiments de la guerrière envers le dieu du tonnerre. « Que d'ignorer les souffrances de ton absence sur moi, sur nos garçons, étaient ce qu'il y avait de mieux à faire ? » ajouta-t-elle tout en s'interrogeant sur ce que les jumeaux pensaient réellement de leur père après tant d'année et tant de tourment. Ce que leur coeur d'une femme amoureuse acceptait ... Un fils pouvait-il l'excuser ? « T'ais-je jamais donné une raison de douter de moi et de ma discrétion. ? » finit-elle par demander, d'une petite voix, alors que son assurance, qui jusque là lui permettait de lui tenir tête, s'évaporait à mesure qu'elle prenait conscience de sa présence. Maudite soit-elle ! Pourquoi cela faisait-il si mal ? Peut être être parce qu'elle se demandait si, au delà de l'abandon, il ne lui avait pas préféré une autre ? Après tout, Narvi et Vali n'était pas ces seuls enfants et les trois autres, plus âgés, n'était pas d'elle. Y en avait-il d'autre à présent ? Se demanda-t-elle, déchirée à l'idée qu'il ait pu se lasser d'elle comme il se lassait de tout. Avait-il trouvé quelqu'un pour le combler parmi ce ramassis de mortels fragiles et éphémères ?

Elle braqua sur lui un regard douloureux, au bord des larmes. Maintenant il allait lui reprocher d'avoir fait profil bas ? « J'ai survécu ! » siffla-t-elle, amère et aussi furieuse que blessée. « Il n'y avait qu'Asgardia pour me protéger lorsque les humains ont commencé à se tirer dans les pattes. Etrangement, après m'être vue reprocher d'être ta femme, on me reprochait d'être trop "liée" à Thor ... » conta-t-elle en se détournant, ravalant ses larmes en fixant un mur avec insistance, espérant que cela l'aiderait à garder contenance. « Mais ayant quitté Asgard pour toi, personne ne m'a fait confiance ici. Sif doute toujours de moi. Alors oui, j'ai joué aux infirmières pour survivre, pour me faire oublier, pour veiller sur nos garçons pendant que toi tu jouais au dieu du tonnerre ! » Par Odin qu'elle lui en voulait. Elle tentait de se focaliser sur cela plutôt que sur son envie de fondre entre ses bras, sur sa colère plutôt sur l'amour qu'il lui inspirait. S'il continuait de la provoquer, ce vase près de la porte ne résisterait pas à sa colère, elle le sentait. Qu'attendait-il d'elle ? Qu'elle l'attende sagement à Asgard pendant que lui en touchait bien d'autre ? Pendant qu'il jouait au Roi à travers Yggdrasil ? Quand lui serait-il revenu ? Depuis quand désirait-il une vie rangée et une épouse docile l'attendant à la maison ? Maison, au passage, qu'il n'avait de cesse de détruire. « Il y a eut des patients, certes. Mais il n'y a jamais eut d'amant. » dit-elle alors, craignant que tout ceci ne fassent naitre d'autre accusation qu'elle n'aurait su supporter.

Le voir faire les cent pas la tuait. Elle voulait qu'il parle, qu'il explique, qu'il râle, qu'il dise quelque chose ! Son silence était une dague s'enfonçant davantage dans son coeur tandis que se renversait les positions, qu'il reprenait ce contrôle qu'il avait toujours eut sur son coeur comme sur son esprit. « Il n'y a toujours eut que toi. Et tu le sais. » répondit-elle à sa phrase ambiguë, rappelant qu'au delà de ses serments et du titre donné par le Père de Toute Chose, elle avait été à lui dès la première seconde. Elle n'était pas naïve au point de croire qu'il avait fait tout cela par sentiment, mais elle ... Elle avait accepté par amour. Et le voir ainsi, près d'elle, se rapprochant pour venir offrir le premier contact physique depuis des années, lui rappela cet état de fait. La main libre de l'asgardienne se posa sur celle de son mari, ses yeux clairs fixant l'entrelacs de doigts remontant lentement le long de son bras jusqu'à ses yeux. Par les neufs royaumes qu'elle aimait ses yeux. « Tu mériterai de poireauter encore quelques minutes ... » répondit-elle, la moue boudeuse tandis qu'elle savait qu'elle avait perdu. Elle ne pouvait pas lui résister et le Ragnarok aurait raison d'eux avant qu'elle ne puisse éternellement lui en vouloir. « Je te l'ai dis. Il n'y a toujours eu que toi. Il n'y aura toujours que toi. » dit-elle d'une voix basse tandis que sa confession lui rappelait que ces moments de bonheur n'allaient pas sans ceux qui l'attristait. Mais après tant de temps à l'attendre, peut être était-il temps de songer que son supplice prenait fin. Incapable d'initier un autre mouvement, perdu dans sa contemplation, elle laissa sa main remonter jusqu'au longue mèches noires, glissant sur sa joue, redécouvrant finesse de ses traits.
 

Retour de bâton, il fallait s’attendre à une riposte et ce cynisme grandissant dans la voix de Sigyn en était le témoignage. Allons, Loki l’avait bien cherché. A trop réprimer ce qu’il ressent, à trop craindre d’être percé à jour, il se forge cette carapace impossible à briser, même pour celle qui donnerait sa vie rien que pour le sauver. Le Jotun le sait pourtant. Il a parfaitement conscience de tout ce qu’elle ferait pour lui. Tout ce qu’elle a sacrifié rien que pour ne pas le laisser tomber. Et lui, en retour, que lui donnait-il ? A cet instant que du mépris. La méprisait-il réellement ? Absolument pas. Le Dieu du mensonge est énervé et sa colère se dirige à défaut vers sa moitié. Alors que tout bien réfléchi, c’est à lui-même qu’il en veut. Un petit peu à elle aussi. C’est de sa faute, tout ça. Sigyn fait naître des choses en lui, qu’aucune autre n’est parvenue à faire. A ses côtés, il a l’impression de devenir faible. Donc, pour ne pas sombrer dans cette faiblesse et finir par lui-même se dégouter, sa meilleure défense c’est de se montrer d’une froideur déconcertante. Pourtant, son regard ne manqua pas celui fuyant de son épouse. Il avait marqué un point et pourtant, il ne s’en réjouissait pas le moins du monde. Intérieurement, ce qui lui sert de cœur s’était resserré dans sa poitrine, n’aimant visiblement pas faire souffrir celle qui est sienne. Mais chez Loki, ça a toujours été une incroyable bataille entre sa conscience et son cœur. Sa longueur d’avance s’était amoindrie, fondant comme neige au soleil lorsque Sigyn l’accusa presque innocemment d’avoir flirté avec Sif. Regard figé, le Jotun arqua un sourcil de surprise malgré lui, se tournant vers sa femme. Était-elle sérieuse dans ses accusations ? Il n’est pas vraiment un Ange et il a énormément de défauts, mais là, elle mettait la barre bien plus haute que lui. « Flirter avec elle ? Es-tu en train de parler de Sif ? N’es-tu pas au courant que je la déteste autant qu’elle peut avoir envie de me tuer depuis cette histoire de cheveux ? » Son esprit remonta très vite le temps, se remémorant cet instant où elle avait été privée de ses cheveux. Cette fois, c’était de la faute à Thor. Laisser son frère en plan à plusieurs reprises, pour rejoindre cette...fille, était un acte qui demandait réparation. Manque de chance, même lorsque son aîné le força à lui rendre cette affreuse crinière et qu’elle écopa d’une tignasse noire à la place, Thor resta bêtement amoureux d’elle. Pourtant, ses lèvres s'étiraient en un sourire, repensant au moment où Sif était aussi peu velue qu’un caillou. Mais cet air pensif vola en éclats à l’instant où Sigyn reprit la parole, parlant des souffrances qu’elle avait endurées par son absence. La réaction de Loki pouvait bien être discrète, mais pour une personne le connaissant aussi bien que sa femme, il devait être impossible de manquer son regard fuyant lorsqu’il fut question de leurs enfants. Sa salive en fut tout aussi difficile à avaler, comme si sa gorge venait de se remplir d’une lave brûlante. « Vont-ils bien ? » Première carcasse qui vole en éclats, juste en ayant fait référence aux jumeaux. Il n’avait jamais voulu leur faire de mal, voilà pourquoi il s’en était allé. Sachant qu’il détruit tout et tout le monde sur son passage, c’était devenu trop difficile de ne pas les détruire eux-aussi. « C’était pour leur bien… ainsi que pour le tien. Si j’étais revenu auprès de vous, vous m’auriez suivi dans ma chute. » Difficile de continuer à discuter à coeur ouvert. Ce n’est pas dans sa façon de faire, d’ordinaire. Il se sentait de plus en plus mal à l’aise et devait changer de sujet. Pourtant, c’est sa femme qui en prit l’initiative. Sa voix dissimulait difficilement ce qu’elle pouvait ressentir en cet instant. Bien qu’il n’ait jamais été empathique pour un sous, Loki ne pouvait que deviner dans quel état elle se trouvait. « Jamais je n’en ai douté. Te mettre dans la confidence, c’était te mettre en danger également. » Et s’il venait par lui arriver quelque chose, le peu de choses positives qui demeurent dans son cœur, finiraient par disparaître à tout jamais. Elle est celle qui parvient à garder un soupçon de l’ancien Loki quelque part en lui. Cette fois-ci, pour ne pas continuer sur ce qui le dérangeait le plus - les sentiments qu’il est capable de ressentir -, il orienta la conversation sur quelques fâcheuses décisions, reprochant à son épouse d’avoir suivi Thor. En faisant cela, il s'imaginait qu’elle allait se mettre en colère et partir. Même si ça aurait été désastreux pour lui, au moins, il n’aurait plus à souffrir de cette situation. Pourtant, c’est l’inverse qui se produit. C’est elle qu’il faisait souffrir, une fois encore. Une fois n’est pas coutume, il la blessait sans réellement l’avoir voulu. Pendant qu’elle lui répondit, les yeux remplis de larmes, Loki se fondit dans un certain mutisme, regrettant déjà ces dernières paroles. En vrai, il n’y avait qu’auprès de Thor que Sigyn était en sécurité en l’absence de son époux. Il le savait et ça l’avait rassuré de la savoir là. Mais au lieu de le dire, il s’était senti obligé de prétexter le contraire et de lui faire du mal gratuitement. Certes, il est jaloux, mais à aucun moment il ne douterait de l’intégrité de son frère, ni de la fidélité de son épouse. La situation critique battait son plein et malheureusement, il faisait pire que mieux en jouant sur le nouveau "job" de son épouse. On ne peut pas refaire Loki. Jaloux, il a toujours estimé que sa femme lui appartenait et le fait de la savoir en train d’en soigner d’autres, ne pouvait qu’attiser davantage ce côté de sa personnalité. Enfin ne dit-on pas que la jalousie est une preuve d'amour ? Au lieu d’y répondre, il se contenta de faire les cents pas. Plongé dans le silence, dans la réflexion, incapable de réellement prendre conscience de ce qu’il risquait de perdre. Trop sûr de lui, trop sûre d’elle, pour accepter qu’elle puisse le trahir, il n’en était pas moins amer pour autant. Bien sûr qu’il savait qu’elle n’avait jamais été voir ailleurs. Il n’y a toujours eu que lui, il en était parfaitement conscient, mais de là à l’avouer. Ne répondant rien de plus, il s’était approché d’elle. Réalisant combien elle lui avait manqué malgré tout et lui présentant ses excuses à sa façon. Et un sourire étira ses lèvres en coin, quand elle exprima à haute voix, l’envie de le faire poireauter un peu. « Ce serait de bonne guerre. » Répondit-il avec un soupçon d’humour, malgré le fait qu’il méritait bien cette sentence, bien plus que toutes les autres ayant été prononcées à son égard. Sigyn réitéra pourtant ses paroles, lui assurant qu’il demeurera toujours son unique amour. Si seulement, elle pouvait lire en lui, elle saurait que son cœur ne bat que pour elle et qu’aucune autre n’a jamais réussi à l’atteindre. Même si elle a sûrement l’impression de ne pas le comprendre, elle est la seule capable de réellement le percer à jour. La douceur de sa main caressant sa joue ne pouvait que raviver les meilleurs souvenirs de son existence. Finalement, leur premier exil avait sans doute été la meilleure des périodes de toute sa vie. Seul avec sa chère et tendre, ils avaient appris à se connaître sur tous les points de vue. C’était d’ailleurs durant ce long périple qu’ont été conçus Narvi et Vali, représentant ainsi la véritable union de leurs parents. Se redressant légèrement, Loki témoigna un peu d’affection à sa belle, en déposant un baiser sur son front, plongeant ensuite son regard dans le sien. « Ne doute jamais de mes sentiments à ton égard. » Aussi loin qu'il s'en souvienne, il ne lui avait jamais dit qu'il l'aimait. Peut-être qu'après tout ce temps, il lui devait bien de la rassurer à ce sujet.

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