FB - Even a God can bleed ∇ Ft. Sigyn Freyadottir

Even a God can bleed @Sigyn Freyadottir & Loki Laufeyson

Nothing is more noble, nothing is more venerable than fidelity.

La sentence était tombée et elle avait eu le mérite de le surprendre, c’est le moins qu’on puisse dire. Ligoté, ou plutôt enchaîné des pieds à la tête, Loki avait été emmené, presque serein, devant le trône d’or de son « père adoptif », Odin. Un sourire narquois aux lèvres, il avait observé, confiant, l’assemblée qui se trouvait dans la salle du trône. De toute façon, la sentence était connue d’avance…Un nouvel exil, un nouveau bannissement d’Asgard dans lequel il entraînerait son épouse avec lui. D’ailleurs Sigyn était là. En retrait certes, et le visage grave, mais elle était là. Loki lui envoya un clin d’œil à peine perceptible et fit enfin mine de s’intéresser à ce qui sortait de la bouche du Père de Toute Chose. Ce dernier avait alors appelé le Dieu aveugle Holder, que Loki avait utilisé à ses dépens pour guider sa main et transpercer d’une flèche de gui le cœur de Balder, fils bâtard d’Odin. Le gui…c’était la seule arme capable de tuer Balder et Loki, qui désirait voir Odin souffrir à nouveau lorsqu’il était revenu d’un énième exil, s’en prit à lui par le biais d’Holder. Mais Odin ramena Balder d’entre les morts et, même si son apparence physique avait quelque peu changé, surtout au niveau de ses cheveux qui étaient devenus blancs comme ceux d’un vieillard, il était en vie. Un grognement sourd s’échappa de la gorge du Dieu de la Malice en le voyant là, debout, bras croisés aux côtés de son père à le dévisager de cet air qui signifiait « Vois…Tu as perdu…encore ». C’est alors qu’Odin se leva et prononça des mots qui prirent Loki de court. Pas d’exil, pas de bannissement. Cette fois, c’est dans une sombre caverne, quelque part dans les montagnes entourant la cité d’Asgard, qu’il serait enfermé jusqu’à ce qu’Odin estime qu’il puisse de nouveau être libre. Si ce n’était qu’un enfermement, soit…Il aurait ruminé son échec et songé à sa vengeance tout le temps que cela aurait duré. Mais il y avait un autre détail qui fit blêmir Loki. Une pâleur soudaine l’envahit que seuls les gardes qui tenaient ses chaînes purent voir. Dans cette caverne, il serait enchaîné à trois rochers et un serpent se chargerait de lui rappeler, constamment, ce qu’il en coûte de s’attaquer à sa propre famille :

JE NE SUIS PAS TON FILS !! hurla Loki. NI LE FRÈRE DE TON BÂTARD, NI CELUI DE THOR !!

Un voile sombre de tristesse passa sur le visage ridé par les âges d’Odin puis, d’un signe de la main, il ordonna aux gardes d’emporter le prisonnier vers son nouveau lieu de résidence. Saisi par les épaules, Loki se débattit, fulminant de rage et de colère :

JE SUIS LOKI, FILS DE LAUFEY DE JÖTUNHEIM ! ET JE TE LE JURE, PÈRE DE TOUTE CHOSE, QUE JE FERAIS RÉGNER LE CHAOS DE PAR LES MONDES !

Loki était désormais trop loin pour voir ce que ses mots eurent comme effet sur Odin, mais lorsqu’il quitta la salle du trône, escorté des gardes, Odin se laissa retomber dans son trône, accablé par tant de haine de la part d’un fils autrefois et toujours aimé. Sans ménagement, il fut directement mené vers son nouveau domicile. L’endroit était sombre, froid et humide. Mais ce n’était pas tant la caverne elle-même que son futur tortionnaire que Loki craignait. En arrivant sur place, tout ce qu’il voyait, c’était les rochers où on allait l’enchaîner comme une bête. La caverne était éclairée par des torches éparses fixées aux murs mais, au fond de la caverne, l’obscurité régnait en maître. La bête était probablement tapie là, attendant que les gardes ne s’en aillent pour s’en prendre à sa victime, impuissante face à elle. Les gardes le déshabillèrent rudement, ne lui laissant qu’une chemise et un pantalon noir et fin. Puis on l’enchaîna et on le laissa seul. En les voyant partir et même retourner au palais, Loki comprit qu’il lui serait vain d’utiliser la magie pour venir à bout de ces chaînes. Si on le laissait ainsi seul, c’était qu’on avait prit toutes les précautions nécessaires pour qu’il ne s’échappe pas. Un sifflement éveilla son attention en provenance des profondeurs de la caverne mais toujours aucun signe de la bête. A la place, des bruits de pas qui venaient vers lui, lui firent détourner le regard vers leur origine. Au loin, il vit une silhouette approchée venant de la lumière du jour à l’entrée de la caverne. Son visage ne lui était pas encore totalement visible qu’il reconnut néanmoins la personne qui venait vers elle. Sa démarche parlait pour elle.

Sigyn, la salua-t-il en détournant le regard d’elle. Que fais-tu ici ? Ne me dis pas que je te manque déjà ?! fit-il d’un ton railleur, ignorant cependant les motifs qui poussaient son épouse à le voir dans son tourment.

Even a God can bleed Sigyn Freyadottir & @Loki Laufeyson

After all the lights go down I'm just the words you are the sound: a strange type of chemistry, how you've become a part of me

Elle sentit l'air quitter ses poumons, le sentiment d'écrasement s'emparer de sa poitrine tandis qu'elle secoua frénétiquement la tête de gauche à droite. Cela ne cesserait-il donc jamais ? Ne pouvait-elle pas aspirer à une vie de paix et de bonheur ? Les mains de Freyja entourèrent les siennes, le regard paniquée de Sigyn croisant celui de sa protectrice. Comment pouvait-elle regarder sans rien dire ? Comment pouvait-elle accepter cette décision sans broncher. Elle voulut parler, mais aucun mot ne parvenait à sortir de sa bouche. Quel maléfice que celui ci ? Alors qu'elle voulu bouger, courir vers Odin pour implorer sa clémence, ses jambes refusèrent de l'écouter et elle se contenta de s'écrouler aux pieds de sa reine, le regard encore hagard, le souffle court. Elle entendit le bruit lointain de ses bracelets d'argent s'entrechoquer contre le sol tandis que ses bras perdaient toute force. Tout devint flou. Elle avait le sentiment d'être prisonnière de son corps, de saisir des bribes de ce qui l'entourait sans en retrouver la clarté. La main de Freyja caressant ses cheveux, Sigyn crut entendre des sanglots sans saisir s'il s'agissait des siens, ou de ceux de l'illustre asgardienne. Vint alors une prise ferme sur son épaule, un bras se glissant sous ses genoux, un autre assurant une prise dans son dos tandis qu'on la soulevait du sol. Les jupons de sa robe blanche et or semblaient peser des tonnes sur ses jambes. Elle se raccrocha à ce qu'elle pouvait, une nuque autour de laquelle elle passa ses bras, une épaule contre laquelle elle laissa aller ses sanglots, cachant pudiquement son visage. Elle fut déposée sur une méridienne des appartements de Freyja et la déesse reine vint l'entourer de ses bras, partageant son chagrin. La colère d'Odin n'avait jamais été plus grande qu'en ce jour si particulier. Sigyn pouvait comprendre les raisons d'un châtiment si exceptionnel: Baldr était aimé de tous, il était ce dieu lumineux qu'on chantait, cette personnalité généreuse qui réchauffait les coeurs. Il était tout ce que Loki n'était pas.

« Je vous en prie, ma reine. Le Père-de-Toute-Chose ne peut pas lui faire ça ... C'est son fils tout de même. » trouva-t-elle la force de dire entre deux éclats de larme avant que Freyja ne la détrompe. Au delà des origines du dieu du chaos, il y avait surtout l'acte: Baldr était sacré, nul ne devait le toucher et le fait qu'Il ait trouvé son seul point faible était bien la preuve de sa préméditation. Loki était dangereux, ils ne pouvaient rien faire pour lui. Sigyn secoua à nouveau la tête vigoureusement, arguant que malgré ce qu'il était advenu, Baldr vivait, ramené de l'au delà, que le châtiment était trop dur et qu'un nouvel exil, plus long, aurait été plus approprié. Mais rien ne sembla toucher la reine. Elle en oubliait presque combien Freyja l'aimait, elle aussi. Sigyn sentit ses yeux bruler. Si elle ne parvenait à convaincre sa protectrice, elle ne pourrait en rien changer la décision de son Roi. « Ma reine ... Accordez moi une faveur. » dit-elle à nouveau avant de partager à l'asgardienne, ses désirs sombres, espérant qu'elle y accèderait. « Je vous en prie ... Je suis sa femme. » rappela-t-elle, les larmes aux yeux.


Elle ota la capuche de sa tête, révélant son épaisse chevelure blonde ondulée et sa peau pâle. Dénuée de ses attribut de déesse, elle avait la sensation d'être nue dans cette robe si simple, dépourvu de pierreries et de toute ce qui faisait qu'elle était qui elle était. Sigyn avait laissé la déesse qu'elle était derrière elle, pour faire face à cette grotte. Elle avait laissé les siens pour Lui. Prenant une profonde inspiration, l'asgardienne pénétra dans la grotte. Ses yeux mirent un moment à s'habituer à l'obscurité, au silence, à l'écho de ses pas sur la pierre. Poursuivant son chemin, elle sentit les parois du tunnel s'écarter, annonçant la cavité caverneuse où son mari était enchainé. Il regardait dans sa direction, lorsqu'elle arriva, et ne se détourna qu'une fois qu'elle fut entrée dans la lueur qui perçait à travers les pierres de la grotte. « Loki ... » souffla-t-elle tout en constatant l'horreur du châtiment imposé par Odin. Relevant le tissus de sa robe pour faciliter ses mouvements, elle s'empressa d'aller à son côté, cherchant une manière de le libérer de ses liens ou, au moins, de leur donner suffisamment de moue pour que cela soit moins inconfortable. « Je suis exactement là où je dois être ... » dit-elle, refusant de fixer son regard, de peur de se noyer dans la vague de sentiment qu'il faisait naitre en elle, ignorant le ton blessant qu'il employait envers elle. « Pourquoi tu as fais ça ... » demanda-t-elle sans réellement espérer qu'il lui réponde. Elle dégrafa la boucle de sa cape, ne supportant plus son poids qui s'ajoutait à celui de la tension dans la pièce.

Even a God can bleed @Sigyn Freyadottir & Loki Laufeyson

Nothing is more noble, nothing is more venerable than fidelity.

Sigyn s’était précipitée vers lui, relevant les tissus de sa robe pour être plus libre de ses mouvements. Sa voix trahissait le chagrin mais aussi l’effroi de le voir ainsi enchaîné comme une bête sauvage. Loki se redressa et écarta ses poignets autant qu’il le pouvait tandis que son épouse s’évertuait, en vain, à donner un peu de leste à ses chaînes.

Crois-tu? demanda-t-il à Sigyn qui refusait de croiser son regard. Lui était pourtant persuadé qu’elle n’avait rien à faire là. J’ai attenté à la vie du fils adoré d’Odin, Sigyn. Tu devrais profiter de la liberté que mon emprisonnement te donne plutôt que de t’évertuer sur mes chaînes.

S’adossant tant bien que mal à l’un des rochers, Loki ferma un instant les yeux en sentant la rudesse et les contours rudes et désagréables de la pierre contre sa peau puis il rouvrit les yeux et chercha les prunelles de son épouse. Celle-ci ôtait justement sa cape après lui avoir posé une question qui n’en était pas réellement une. Voulait-elle réellement savoir?

Et que cela t’apportera-t-il, Sigyn, de connaître mes motivations? rétorqua-t-il en répondant à sa question par une autre question. A ce petit jeu-là, Loki était très fort, surtout lorsqu’il s’agissait de dissimuler ses véritables pensées aux autres, ce qui incluait son épouse. Quand avait-il été réellement honnête avec elle? Dès leur première rencontre pourtant, elle savait qui il était. Il s’était montré à elle à visage découvert. Il lui avait dit la désirer, la vouloir pour lui seul. Mais pour cela, il avait dû employer la ruse et le meurtre. En lui révélant la supercherie, Loki était persuadé qu’elle serait tellement écoeurée de ses méfaits qu’elle n’irait pas jusqu’à contre-argumenter face à Odin. Celui-ci proposait pourtant d’aller à l’encontre des lois d’Asgard et d’annuler leur mariage puisqu’il avait, finalement, marié Sigyn à Theoric comme il le croyait, et non Sigyn à Loki. Mais elle l’avait grandement surpris en refusant de voir son mariage annuler, puis elle l’avait encore surpris en restant constamment à ses côtés, y compris dans ses périodes d’exil. Là il ne s’agissait nullement d’un exil, mais d’un emprisonnement doublé d’un châtiment cruel. Et Sigyn se trouvait encore et toujours là, à ses côtés.

Va-t-en Sigyn, la chassa-t-il d’un ton sec et dur. Tu as maintes fois prouvé que tu méritais ton titre de Déesse de la Fidélité. Mais ne le sois pas au point de m’assister dans mon humiliation…

Il voulut en dire davantage mais il entendit soudain une sorte de sifflement venant du fond de la grotte, sifflement accompagné d’un léger frottement, comme celui d’un corps qui rampe à terre. La mâchoire du Dieu de la Malice et de la Ruse se contracta de haine face à son impuissance. Il tenta, en vain, de se défaire de ses chaînes à mesure que son tortionnaire se rapprochait de lui. A ses côtés néanmoins, Sigyn n’avait toujours pas bougé. Alors, sa colère reprit le dessus et il en usa pour tenter de faire partir son épouse:

PARS SIGYN ! Que faut-il que je te dise pour que tu partes d’ici?! Que je n’ai toujours fait que jouer avec toi? Depuis notre première rencontre? Te courtiser m’amusait mais tu m’as beaucoup surpris en t’obstinant à rester à mes côtés à chaque instant. Je n’attends rien de l’amour ma chère épouse. Tous ceux qui m’ont un jour aimé ne m’offraient en réalité qu’un odieux subterfuge de ce sentiment. Odin, Frigga, Thor, Balder…Même toi, tu finiras par agir exactement comme eux. Je choisis donc d’avancer cette perspective alors autant faire en sorte que ton départ soit de mon fait, pour une fois. Va. Pars. Laisse-moi, cracha-t-il, ses yeux verts brillants de colère, de frustration, mais aussi, et c’était bien nouveau pour lui, de détresse et de peine.