it's never easy saying goodbye ☽ johhny (fb)

it's never easy saying goodbye

@Jonathan L. Storm | I'm never gonna let you close to me; even though you mean the most to me 'cause every time I open up, it hurts.

✶ One year ago.

Dire au revoir est une chose que Susan déteste faire. Les adieux ont toujours été un moment déchirant pour la jeune mère de famille. Pourtant c’est bien pour dire au revoir à son frère qu’elle compte passer un moment avec lui. Juste un dernier moment avant de partir, avant de mourir – du moins, théoriquement. Elle déteste dire au revoir, et encore plus lorsqu’elle sait qu’elle va blesser les personnes qu’elle aime. Ce projet qu’elle a, ce plan qu’elle compte mettre à exécution, elle sait que c’est une idée risquée et qu’elle risque d’en subir les conséquences plus durement que prévu, mais il n’y a pas de retour en arrière possible. Pas cette fois-ci.

Sue n’a jamais eu besoin d’excuse particulière pour passer du temps avec son frère, et contrairement à certaines familles, son mariage ne l’a pas particulièrement éloignée de Johnny. Il est ce qu’il est, il a toujours été cet enfant à ses yeux, il ne grandira probablement jamais dans sa tête, mais c’est comme ça qu’elle l’aime. Susan s’estime particulièrement chanceuse d’avoir la famille qu’elle a construite avec le temps. Après le décès de leur mère, on aurait pu croire que les enfants Storm auraient eu du mal à remonter la pente, surtout lorsque l’on voit la réaction de leur père, Franklin. A cette époque là, bien qu’elle fut encore bien jeune, Susan se souvient avoir juré ne jamais vouloir se marier de peur de reproduire le même schéma familial. Ce qu’elle s’apprêtait à faire était un risque, elle le sait bien. Elle a évidemment peur que sa famille éclate même si Ben lui a assuré qu’il ferait tout pour que ça n’arrive pas. Gérer les enfants, il devrait s’en sortir, mais Johnny et Reed sont deux hommes bien trop imprévisibles. Elle a peur. Ce n’est pas comme si elle le faisait de gaîté de cœur.

Difficile de vivre une vie normale lorsque l’on est un héros en cavale. Rien que séparés, les Quatre Fantastiques sont assez reconnaissables, mais ensemble, c’est compliqué de se cacher. Pour autant, elle veut prendre l’air, s’échapper du cœur de la résistance le temps de quelques heures. Elle n’a pas de projet, pas de programme, elle veut juste aller marche le long du lac  avec Johnny, à défaut d’avoir la mer à proximité comme lorsqu’ils étaient gamins et vivaient à Long Island. Elle sait qu’il est occupé et elle l’est tout autant. Même si le lendemain, tout va changer pour elle, elle ne laisse rien paraître et participe toujours aux plans mis en place avec le reste de la résistance. Évidemment, le plus dur a été de ne pas trop s’impliquer dans quelque chose qui ne dépendrait que d’elle. Elle qui est toujours si volontaire, elle espère qu’elle n’a pas attisé la suspicion des plus perspicaces. Évidemment que certains auront compris que quelque chose se trame. Mais comment ne pas se comporter étrangement quand le monde part autant en vrille ? Elle a malgré tout cela trouvé un moment pour que son frère la rejoigne.

Elle le voit arriver un peu plus loin, lui ayant demandé de la rejoindre dès qu’il le pourrait, ne voulant pas l’interrompre dans sa lancée, et elle l’attend, enroulée dans son écharpe et son manteau. Il fait encore bien froid, mais heureusement, son frère adoré est du genre à avoir le sang chaud.

« Je me suis demandé si tu allais faire faux-bond à ta sœur préférée, Johnny. »

Elle accroche son bras à celui de son frère, se serrant contre lui.

« J’avais besoin de prendre l’air, je commence à étouffer avec tout ce qu’il se passe. Je crois que ça n’a jamais été aussi dur d’être une Fantastique que depuis que les héros sont devenus les ennemis publics numéro un. »

Être sur ses gardes fait partie du quotidien d’un héros, toujours la boule au ventre de peur de voir débarquer un ennemi plus difficile à gérer que le précédent. Mais cette fois-ci, il n’y a pas une seconde de répit. Les têtes sont mises à prix et le sentiment de culpabilité, celui d’avoir échoué et de ne pas avoir été capable de sauver tout ceux qui ont péri à cause de l’explosion. Elle sait qu’elle ne peut sauver le monde entier, elle se sent simplement indirectement responsable de ce qui est arrivé, comme certains aiment pointer du doigt depuis le A-Day. Elle veut réparer ses erreurs, à savoir son impuissance. Mais là, tout de suite, elle est fatiguée, elle veut passer du temps avec son frère, sachant que ce sera le dernier moment fraternel avant un bout de temps – si ce n’est à jamais.

« Comment tu te sens, toi ? »

Ⓒslytbitch.

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✶ Durant un court instant, Susan pensa que son frère ne viendrait pas. Après tout, il ignorait que dès le lendemain, il ne verrait plus sa sœur, pour un moment, voire pour toujours. Il ignorait que ce rendez-vous sur la plage était une manière de dire adieu. Elle se détestait de devoir lui infliger ça, et surtout de devoir se séparer de lui. Leur relation a toujours été un peu particulière, mais Johnny est si important aux yeux de la femme invisible, qu'elle ne peut s'empêcher d'angoisser à l'idée. Elle a peur de finalement tout lui dire, de cracher le morceau tant c'est un supplice que de garder le secret de ce qu'elle prévoit.

Finalement, il est là. Elle voudrait se jeter dans ses bras, l'étreindre et ne plus le laisser partir, mais quoi de plus suspect que d'agir ainsi lorsqu'il est question d'une simple balade pour se changer les idées. Elle sourit du moins, elle ne peut pas non plus s'empêcher d'étirer ses lippes, ça, ça n'a rien d'anormal, rien qui ne pourrait la trahir. Il ne peut s'empêcher de faire de l'humour, preuve qu'il est fidèle à lui-même. Toute sa vie, Susan a rêvé de le voir devenir un peu plus sérieux, plus mature, et pourtant à cet instant-là, elle se dit que s'il n'était pas tel qu'il est, elle serait probablement inquiète.

Elle lui demande comment il va, parce qu'elle a besoin de savoir qu'il n'est pas au fond du trou alors qu'elle s'apprête à simuler sa mort. Sa réponse est pleine d'ironie, prétendant que tout va bien, qu'il se fait une joie d'être témoin de toute la reconnaissance que le monde porte aux héros depuis le A-Day. Un an qu'ils sont en fuite, qu'ils se cachent, et qu'ils se battent pour que le monde revienne à un semblant de normal.

« Tu ne devrais pas te soucier de ce que les gens pensent. Il faut un responsable pour ce qu'il s'est passé, et c'est bien plus facile de nous faire porter le chapeau, tu le sais bien. Tout ça... Ça va changer, je te le promets. »

Dit-elle en resserrant son bras contre celui de son frère. Les gens peuvent être hypocrites parfois, mais elle sait qu'ils ne pensent pas à mal. Il est difficile de savoir ce qu'il se trame, il est difficile de faire confiance à ces héros qui ont mis en place un bouclier qui est à l'origine de tous ces morts dans le monde. Elle ne leur en veut pas, parce qu'elle se sent coupable de toute manière. Comment reprocher à ces milliards de gens de les pointer du doigts lorsqu'elle se pointe elle-même de doigt et se reproche de ne pas avoir pu faire quoique ce soit pour empêcher la catastrophe. Elle ne peut pas empêcher toute la misère du monde, elle devrait le savoir, et pourtant, elle voudrait être capable, parfois, d'être plus puissante pour que plus jamais le monde ne connaisse un jour similaire au A-Day.

Johnny dit alors qu'heureusement qu'elle est là. Elle voudrait continuer de sourire mais après avoir repensé à tout cela, elle doute que sa présence ne puisse faire le plus grand bien à qui que ce soit.

« Oh. Je n'avais pas pensé à quoique ce soit en particulier, juste marcher en bord de mer, être un frère et une sœur tout ce qu'il y a de plus normal. Et même si j'aimerais que tu me le dises, s'il y a quoi que ce soit qui te chagrine, qui te pèse sur le cœur, j'aimerais surtout que cet après-midi, on mette de côté les problèmes que l'on connaît depuis un an. »

Elle ne voudrait pas que ses derniers instants avec son frère se résument à se morfondre sur quelque chose qu'ils ne peuvent changer. Et ils sont bien placés pour savoir que jouer avec le temps, revenir en arrière, serait bien trop dangereux pour que le risque soit pris. Même s'il y avait une chance sur mille de tout réparer, Susan ne risquerait pas d'avoir neuf cent quatre-vingt-dix-neuf chances de tout faire empirer.

« Oh, tu sais que Val m'a appris quelque chose récemment ? Sans rentrer dans les détails, mais mon pouvoir de me rendre invisible, tout est lié à la réflexion de la lumière. Et c'est pareil pour les couleurs. »

Elle s'arrête et se concentre un moment pour changer la manière dont ses cheveux réfléchissent la lumière, la transformant de la femme blonde que tout le monde connaît en une rousse flamboyante.

« Alors, qu'est-ce que t'en penses ? C'est plutôt cool, non ? »

Valeria est vraiment une fille incroyable. Susan ne cesse jamais d'être fière de ses deux enfants. Chaque jour ils l'épatent un peu plus, et les laisser derrière est encore plus dur. Elle sait qu'ils vont s'en sortir, elle sait qu'ils sont forts, et pourtant, elle voudrait continuer à les voir grandir. Si elle ne doute pas que Ben et même Johnny s'occuperont de Franklin et Val comme il faut, le côté maternel de Susan va en prendre un coup.

Ⓒslytbitch.