we kill our way to heaven (kaine&felicia)

« Je veux pas crever ! Je vous en prie ! »

C’était là les mots qui sortaient de la bouche du sous-fifre avec lequel Kaine jouait au Yo-yo du haut d’un bâtiment, lui donnait la frayeur de sa vie. C’était toujours la même chose avec ceux-là. Jouer avec la vie des autres ne les freinait pas et pourtant lorsqu’ils n’étaient plus maîtres de la leur, ils devenaient soudainement près à vendre père, mère, femme et enfant pour survivre. A chaque fois ils faisaient les malins au départ, le prenaient pour Spider-man, pensant qu’il ferait quelques blagues et ferait attention à ne pas trop les amocher… Et quand la première fracture ouverte arrivait, il voyait les visages pâlir d’un coup, comprenant qu’ils étaient tombés sur la mauvaise araignée du quartier, celle qui n’était pas là pour leur dire que ce qu’ils faisaient était mal, mais bien celui qui allait leur faire rentrer un peu de bon sens dans le crâne à gros renforts de coups de poing.

« Dis ça à quelqu’un qui en a quelque chose à carrer. Je t’ai posé une question ! Dans quel putain de bateau vous les mettez ! » Dit-il avec une voix menaçante derrière son masque noir aux yeux écarlates qu’il approchait du visage de l’homme effrayé, en sueur et n’ayant clairement pas réussi à retenir sa vessie dans les chutes libres répétées qu’il venait de subir. « Dernière chance si tu veux pas finir en chili con carne sur le trottoir. »

Les mots eurent du mal à sortir tandis qu’il bégayait, mais Kaine eut enfin ce qu’il cherchait, l’endroit oùs étaient emmenés les inhumains par ce truand qui s’appelait Hammerhead. Le Scarlet-Spider se dit qu’il lui paierait une visite de courtoisie aussi, un de ces quatre, histoire de lui montrer qu’il ne passait pas sous tous les radars juste parce que le SHIELD avait d’autres chats à fouetter. Cela faisait quelques temps maintenant qu’il était sur la piste d’un trafic d’inhumains. Autant dire que ces derniers avaient rarement de la chance. Enrôlés de forces dans des milices armées, esclavage, jouets à torturer pour psychopathes en manque de torgnoles et d’autres s’amusaient même à organiser des combats clandestins entre inhumains, comme une évolutions des combats de chien. Autant de personnes que l’araignée voulait voir passer sous ses poings pour leur apprendre qu’on ne joue pas impunément avec la vie des gens. Son passage à Houston lui avait montré l’horreur du trafic d’êtres humains et il s’était fait un devoir d’empêcher cela de se produire s’il pouvait le faire. Cependant, il ne voulait pas qu’on vienne croire qu’il agissait ainsi par héroïsme, mais ceux qui pratiquaient ce crime étaient en haut de la liste des personnes qu’il ne pouvait pas pifrer, étant seulement dépassés depuis quelques temps par les nostalgiques de l’Allemagne des années 30 qui s’étaient à nouveau pris d’un délire de conquête du monde.

Aussi Kaine avait-il pu suivre pas mal d’indices sur de multiples disparitions qui passaient souvent sous les radars des humains, moins sous celui des araignées. Il avait potentiellement des yeux partout grâce à ces petites bestioles, mais pour savoir où chercher, la bonne vieille méthode de la menace marchait toujours affreusement bien. Il relâcha alors sa proie sur le toit du bâtiment et le somma de ne plus croiser son chemin sous peine d’être moins sympa la prochaine fois avant que cette dernière ne s’évanouisse.

Se balançant de toiles en toiles et de toits en toits, il ne fallut pas plus de temps à l’araignée écarlate pour arriver sur les lieux de la prochaine « exportation ». Le camouflage optique de son costume allait lui permettre d’analyser la situation avant de frapper vite et fort comme à son habitude. Combien d’inhumains étaient entreposés ici, comment étaient-ils emmenés et y avait-il un moyen simple de remonter à la source ? Autant de questions qu’il oublia lorsqu’il vit une silhouette familière bondir toutes griffes dehors vers les petites frappes en les assommant avec grâce et efficacité. Il semblait que Black Cat n’était pas vraiment d’accord avec les méthodes et les plans de son associé, pour le coup. Cela n’étonnait pas trop le clone qui savait que Felicia était une voleuse et une truande mais qu’elle ne baignait pas dans ce genre de commerce, essayant malgré tout de garder un minimum de moral. Après tout, il n’allait pas la juger sur les vols qu’elle avait commis, lui-même n’était pas exempt de défauts et il n’avait pas vraiment compté le nombre de fois où il avait doublé la voleuse féline en s’emparant de ses butins.

Alors qu’elle venait de mettre à terre deux malfrats, le troisième se retourna avec un fusil. Par réflexe, Kaina dévoila sa présence en lançant une toile sur l’arme pour désarmer l’homme tandis qu’une autre projeta la cible avec force contre un conteneur proche de ce dernier et une dernière vint instantanément l’empêcher d’ouvrir la bouche pour annoncer la moindre alerte. Descendant alors de son perchoir, l’araignée se retrouva face à celle qu’il venait d’aider et qui affichait un léger rictus en le voyant. Elle n’avait pas tort sur les araignées lorsqu’elle dit qu’ils pouvaient en croiser à tous les coins de rue en plongeant son regard dans son masque. A vrai dire, Black Cat, tout comme Gwen Stacy, Mary-Jane ou même May faisait partie des souvenirs de Peter dont le clone avait hérité. Aussi devait-il toujours faire la part des choses entre ce qu’il avait vécu et ce que le véritable Peter avait vécu, malgré des images, des instincts qui n’étaient pas les siens.

« Si ça peut te rassurer, je trouve aussi qu’on est trop nombreux dans cette ville. » Autant dire que Kaine n’était pas forcément le plus enclin à travailler avec les autres araignées. Certaines ne pouvaient tout simplement pas le sentir et c’était bien normal. D’autres ? Elles risquaient de vouloir le modérer dans sa violence et il ne trainait pas en costume la nuit pour recevoir des leçons de morales qui se résumaient à : « Attention, si tu tapes trop fort, tu vas leur faire mal ! » Spoiler : Il le savait très bien. Et c’était justement parce qu’il les faisait souffrir qu’ils étaient moins enclins à recommencer. Quelque fois, provoquer la peur chez des sous-fifres pouvait sauver plus de vie qu’une simple tape sur la main et un jeu de mot façon Peter Parker. Et s’il devait briser quelques os pour sauver des vies, il le ferait sans la moindre hésitation.

« T’es une voleuse, pas une trafiquante. » répondit-il lorsqu’elle expliqua qu’elle venait aider les inhumains et qu’elle n’était pour rien dans ce qui se passait ici. « Et de là où j’étais, t’avais pas l’air d’être là pour faire un remake de Dirty Dancing avec ces saloperies. » termina-t-il en inclinant sa tête vers les deux hommes qu’elle avait mis à terre.

La chatte noire proposa alors de faire équipe pour sauver les inhumains s’il était là pour eux aussi. Il avait eu envie de répondre qu’il préférait travailler en solo, mais cela posait plusieurs problèmes. Primo, elle connaissait l’instigateur de tout cela et aurait probablement besoin d’aide quand ce dernier saurait qu’elle avait mis son business à mal. Secundo, même s’il disait cela, il se doutait bien qu’elle ne serait pas du genre à accepter non comme une réponse adéquate au vu de l’air provoquant qu’elle affichait sur le visage et pour finir, il était assez mal placé pour jouer le loup solitaire alors qu’une gamine avec un costume vert avait tendance à le coller partout comme une mascotte avec sa princesse Disney. Et puis le bon vieux temps… C’était une façon drôle de voir les choses.

« Si je me rappelle bien, ce bon vieux temps se terminait souvent avec l’araignée qui se faisait pigeonner au dernier moment. C’était pas toujours le bon vieux temps pour lui.» Dit-il en soutenant son regard, allant dans le sens de sa provocation. En un sens, quelqu’un qui faisait tourner en bourrique son « frère » était une personne qu’il pouvait apprécier. « Mais comme tu dis, on a un but en commun et j’ai rien à te piquer, cette fois, donc… Comme au bon vieux temps. » Dit-il, laissant possiblement transparaître un sourire moqueur derrière son masque.

Ils venaient d’amocher les gardes qui surveillaient les allées, ce qui voulait probablement dire que certains allaient se poser des questions quant au manque d’allers-retours de ces derniers et qu’ils devaient se préparer soit pour une nouvelle vague d’hommes armées ou pour aller les chercher directement à leurs camionnettes.