Lost in the echo ft. Natasha

Lost in the echo

Do you ever feel like all you want is to go home ?
To kiss the earth, to weave a way through this storm
Some days I rage like a fire in the wilderness
Some days I only need the darkness and a place to rest
Oh, it takes time learning to fly

Londres. L'Europe. Cela faisait si longtemps que je n'y avais pas remis les pieds en étant libre d'y aller et venir sans être poursuivi par des hordes de robots ennemis d'AIM. Des années. Mais cela faisait plus longtemps encore que j'y étais venu pour la première fois, dans un contexte étrangement similaire à celui qui gangrénait le monde actuellement. Une Europe scindée en deux, un Royaume-Uni comme dernier bastion face à la menace HYDRA et nazie. Un air de déjà vécu des plus amers pour quelqu'un comme moi. Ces rues en reconstruction, comme à New York, je les avais arpentées bien souvent autrefois. Dans mon uniforme militaire, comme tous les réquisitionnés venus lutter sur le front depuis l'Amérique, j'avais connu les bases britanniques autant que les pubs anglais et les soirées dansantes durant les rares jours de permission qui nous étaient accordés.

Ce temps où je n'étais pas encore pleinement Captain America, et où je vivais une vie forcée de simple soldat, même pourvu du sérum, avant de gagner le droit d'être davantage, de faire mes preuves, et de finir par tout bonnement ne plus demander la permission pour être qui je voulais être. Cette vie où j'avais vu les londoniens improviser des danses entre deux bombardements, au rythme d'une radio sortie par un soldat américain qui l'embarquait toujours avec lui, en plus d'un paquet de clopes, comme souvent issus de contrebande au sein des bases militaires strictes. Ce genre de moments qui au milieu des horreurs et de la peur, allaient à contre-courant. Par la suite, les permissions étaient devenues bien plus rares, non pas parce qu'on ne m'en donnait plus, mais bien parce que je n'en voulais plus, déterminé que j'étais alors à ne pas laisser un jour de répit aux nazis et à HYDRA avec les Howling Commandos.

Mais bien avant cela, j'avais connu, oui, cette vie londonienne en apparence joviale et libre, rythmée pourtant ponctuellement par les alarmes générales de la ville pour signaler un bombardement allemand en approche. Alors les gens se mettaient à courir, à rejoindre les abris, les sous-sols, un peu partout au coeur de la ville, en attendant que cela passe. Combien de fois nous étions-nous retrouvés avec Bucky, à guider au pied levé les gens paniqués tout en rejoignant aussitôt notre régiment pour réagir à l'attaque aérienne comme nous le pouvions. Tant de frustration, souvent, d'être au sol impuissants face à ces attaques aériennes éclairs. Frustration qui avait trouvé sa fin lorsque nous avions enfin été déployés sur le front français pour leur rendre la monnaie de leur pièce au centuple.

« Here are your keys, M. Rogers. » « Thank you. » Je pris le trousseau de clefs des mains du loueur de voiture venu me les confier alors que j'attendais sur le trottoir devant sa boutique, mains dans les poches de ma veste en cuir, à profiter du soleil partiellement présent entre quelques nuages typiques de la région. Mais pas de pluie pour le moment. Il faisait même plutôt bon. Les gens dans la rue tentaient eux aussi de reprendre une vie normale, malgré la présence toute aussi forte d'agents du SHIELD et de militaires dans les rues du fait de la position bancale du pays face à l'oppressant ennemi, comme autrefois. Repenser à Bucky avait alourdi de nouveau mes pensées et mon coeur. Des mois, bientôt deux ans, que j'échouais à le retrouver, à le sauver d'AIM, et au final, d'HYDRA. Tout comme j'avais échoué à protéger Natasha, à lui offrir une alternative à ce sacrifice qu'elle avait choisi de faire, acculée, lors de l'attaque du Triskelion. La raison de ma présence ici. Anxieux, mais déterminé, je contournai la voiture non loin et m'assis au volant, pour mieux démarrer et quitter le coeur de Londres.

* * * * * * * * *

Tout le trajet, mes pensées s'étaient égarées, une fois encore, sur le pourquoi, le comment. Déjà, pendant le vol reliant New York à Londres, je n'avais cessé de ressasser les informations que Fury m'avait confié sur Natasha. Disparue, embarquée par AIM lors de l'attaque, puis le néant, comme pour Bucky. Deux de mes amis les plus proches, happés une fois de plus par cet ennemi insidieux et tentaculaires qui ne nous laissait jamais en paix, même un siècle après. Et voilà qu'elle réapparaissait sur les radars, de la plus improbable des façons. Dans la banlieue de Londres, en zone libre. Plus encore, elle y était toujours. Elle qui ne restait que rarement au même endroit lorsqu'elle était en mission. Et en mission, elle ne pouvait que l'être, me disais-je. Pour elle-même, ou pour HYDRA. Chose que je devais tirer au clair alors que rien ne concordait dans ce comportement, ces agissements opposés à ceux de la Veuve Noire que je connaissais.

S'était-elle évadée ? Ou était-elle ici pour une raison bien précise, pour le compte de notre ennemi ou celui du SHIELD ? Est-ce que Fury m'avait bel et bien tout dit ou allais-je le trouver lui-même finalement assis dans le canapé à m'attendre, pour que les deux me parlent d'une mission ultra secrète hors de tous radars comme ils savaient si bien le faire ? Le théâtral paranoïaque, c'était bel et bien leur truc, aux espions. Trop de questions, alors que savais que je n'aurais de réponses qu'en allant la voir, malgré l'appréhension.

Je me garai contre le trottoir opposé, et après un temps de réflexion, de prise sur moi-même, je finis par descendre de la voiture. J'observai un long moment la façade de cette maison de quartier plutôt aisé qui se fondait impeccablement dans le décor, ne doutant pas qu'elle me remarquerait. Qui pourrait imaginer que derrière ces murs se trouvait l'espionne la plus redoutable de ce monde ? Même moi, je peinais à y croire, tout en étant qu'à peine surpris, au fond, qu'elle parvienne encore à me surprendre. Et je n'étais pas au bout de mes peines à ce niveau-là. Voyant que rien ne bougeait, qu'elle ne fuyait pas par quelque sortie ou ne tentai pas de me tirer brusquement dessus depuis une fenêtre en m'ayant probablement aperçu, j'inspirai profondément, je traversai la route et montai les quelques marches du pavillon pour enfin frapper à la porte d'entrée.

Au fond de moi, j'étais prêt au combat, malheureusement trop habitué à retrouver mes proches manipulés par l'ennemi comme des pantins pour tuer sans pitié innocents et anciens alliés et amis. J'espérais simplement ne pas me retrouver de nouveau dans une telle situation, surtout dans une zone habitée comme ici. Tout ce que je voulais, c'était retrouver mon alliée de toujours, mon amie la plus solide, la plus digne de confiance, malgré tout ce qu'elle pouvait inspirer d'opposé à la majorité des gens. Je savais qui elle était, vraiment. Et pour cette raison, je ne pouvais pas la laisser tomber. Jamais. Elle ne l'avait pas fait pour moi, je ne le ferais pas plus pour elle.

L'angle de mes phalanges frappa ainsi plusieurs fois contre le bois. Le moment de vérité était lancé.

I need a friend but a friend is so hard to find
I need an answer, but I'm always one step behind
'Cause it takes time learning to fly
Keane

we're standing on a fault line

⋅ ⋅ ⋅ ⋅ they said we could be heroes, save the world from itself, but we're the ones dyin'. they said we could be heroes, fight the villain inside, but the earth started shakin'. we're standing on a fault line.

(( ft @steven g. rogers ))

music ►

Calée dans l’angle du canapé, le stylo diabolisant le papier fin du carnet, annotant quelques idées qui traversent ton esprit durant cet instant de répit, ton esprit canalisé sur le projet sur lequel tu planches depuis quelques jours déjà. La situation du monde ne t’échappe pas, bien que ta propre situation te cause bien des maux lorsque tu te perds entre réalité et construction, deux vérités aux nuances subtiles, appartenant à une seule et même psyché. Le vrai se mêle au faux, tous deux s’enlaçant dans une danse douce aux échos légers. Le stylo se fige, la lettre écrite reste suspendue sur le blanc du papier, et ton regard se détourne vers la petite tête aux cheveux de feu apposé sur ta jambe, repliée sur le canapé. Tu observes le petit être, cet enfant, ton enfant, à l’esprit plus apaisé que le tien ne le sera jamais. Tes lippes s’étirent, la tendresse qui se dégage de la scène réchauffe ton palpitant dont les battements se stabilisent. Une ligne de pulsations parfaitement stable, une respiration se calquant sur celle de ton fils. Tu cales le stylo sur la feuille de papier, le bloquant de ta main gauche pour libérer la droite. Tes doigts viennent courir sur le front de l’enfant, glissant ensuite dans sa chevelure pour s’y perdre. Dans son sommeil, tu notes le fin sourire que lui procure la caresse, la tendresse d’une mère pour sa propre chair, son propre sang, digne héritage supposé impossible, se déclarant du bout de tes doigts fins.

« Nat? Have you seen my - » « Shh! », tu relèves la tête aussitôt, sommant à James – ton mari – de rester silencieux, alors qu’il dévale les escaliers pour rentrer dans le salon, tout en nouant sa cravate. « Your briefcase? You left it on the chair yesterday. », indiques-tu par anticipation, d’une voix légère, et pointant du doigt une chaise de la table à manger un peu plus loin, tout en lui adressant un sourire aussi malicieux que complice. « Thanks honey, you’re the best! », rétorque ta moitié venant se pencher sur le canapé, pour déposer un baiser sur le front de votre enfant. « Obviously. Hey, you forget something. », rebondis-tu en tapotant deux fois tes lèvres, ta tête relevée vers le brun. Il y dépose un baiser et remet sa veste de costume en place. « Coffee’s prepared, hurry, you’re gonna be late again. », tu le réprimandes doucement, un faux air agacé s’esquissant sur tes traits. Il disparaît dans la cuisine, et tu reprends ton activité, gribouillant de nouveau quelques croquis dans ton calepin. Cette brève agitation entraîne ton enfant à bouger, roulant légèrement sur le côté. Un simple mouvement, qui t’entraîne une fois de plus à ressentir toute la tendresse que tu éprouves pour ton fils.

Tu es arrachée à tes pensées, lorsque ton téléphone posé sur l’accoudoir du canapé émet une légère alerte, une alerte qui n’est pas particulièrement anodine. En effet, le dispositif, vraisemblablement traditionnel ne l’est pas. Tu relèves la tête aussitôt, en direction de la porte d’entrée, avant de reporter ton attention sur l’appareil. Appareil fourni par le shield, avant ton départ dans le secret le plus total, pour Londres. Un capteur d’empreinte digital dissimulé à un endroit précis de la coque, te permet d’accéder à un système sécurisé, à partir duquel tu peux monitorer l’activité aux alentours de ton domicile. Tu t’en empares et accède à cette interface, te faisant apparaître les images diffusées à partir d’une caméra indétectable. Une activité proche de l’entrée a réveillé le détecteur de mouvement, et la source de l’alerte n’est pas là pour te rassurer. Si voir la silhouette de l’homme semble être une bonne nouvelle, tu ne songeais pas le voir si tôt compte tenu des priorités. Il tape à la porte. Tu tournes le regard vers ton fils et fais-en sorte de t’extirper du canapé sans le réveiller, avant de te diriger vers l’entrée d’un pas furtif plus par réflexe qu’autre chose. « I’m going. », lâches-tu à l’intention de ton mari en passant devant la porte de la cuisine. Tu gonfles tes poumons, puis te décides à faire face à l’invité surprise.

Tu feintes un air surpris à la visite, sans rechigner un franc sourire. « Mr. Rogers, i didn’t expect such a surprise! », lâches-tu naïve, la voix enjouée et la tête légèrement penchée sur le côté, ta chevelure venant caresser tes épaules alors que tu refermes la porte derrière-toi pour empêcher les mots de filer jusqu’à l’intérieur. « What do i owe this pleasure? », demandes-tu ensuite, l’innocence toujours mêlée à tes mots. Derrière-toi, la porte s’ouvre. « Momma? », aussitôt, ton menton chute, ton regard captivé par la petite tête endormie qui s’extirpe de l’ouverture de la porte, une main venant frotter ses yeux fatigués. « My little escape artist, always finding a way out! », un ton toujours enjoué, alors qu’il tend les bras pour que tu le portes, vêtu de son pyjama combinaison requin. « Natalie? Do you have Stevie? He’s not on the couch anymore! », lance ensuite ton mari, de l’intérieur de la maison avant d’apparaître à la porte également. « Oh, you got him and… », il ouvre intégralement la porte, d’un geste lent, alors que son regard se plante dans celui de Steve, plein de surprise. « Mr. Rogers, meet my husband, James Grey and my son, Stevie, my little Houdini. », tu procèdes aux présentations, ton propre prénom ayant d’ores-et-déjà fuité et ne devrait plus poser de problèmes. Tu te tournes face au Captain, l’alliance à ton doigt en évidence alors que tu portes ton enfant. « Mr. Rogers came to tell me about a project they have to rebuild New York, he seems interested by my art. », improvises-tu, pour couper court à d’éventuelles questions pouvant rendre la situation délicate. Stevie extirpé de son sommeil, laisse une main courir jusqu’au menton du soldat. « Well, you’ll tell me about it, i have to go to work. It was a pleasure to meet you, Mr. Rogers! », l’homme lui adresse un sourire avant de déposer un baiser sur ta joue, ainsi que sur celle de Stevie. « Have a nice day honey, see you tonight. »

L’homme parti, tu adresses un signe de tête à Steve pour l’inviter à rentrer dans le domicile, poussant la porte du talon. Tu refermes derrière lui, et te diriges dans le salon. Tu laisses l’enfant sur le canapé et le captives par des dessins animés, avant de reporter ton attention sur le soldat. Ton regard perd toute innocence, toute naïveté. Suffisant, pour lui faire comprendre. Tu te diriges dans la cuisine, déposant le téléphone sur le comptoir et gardant un œil sur les images du salon, pour surveiller l’enfant. « I guess you listened to my teachings, after all. », taquines-tu le soldat à propos de ton expertise dans l’espionnage, et tes aptitudes à remonter toute piste pour atteindre ta proie, quelle qu’elle soit. Né à une autre époque, et ayant perdu de nombreuses décennies, tu es forcée d’admettre qu’il a su rattraper son retard, en majeure partie. « Coffee? », demandes-tu, lui tournant le dos un instant pour t’en préparer un, attendant sa réponse. « I know. You have questions. I don’t have all the answers. What are you doing here, Steve? », demandes-tu, concentrée sur ton activité.

Lost in the echo

@Natasha A. Romanoff

Do you ever feel like all you want is to go home ?
To kiss the earth, to weave a way through this storm
Some days I rage like a fire in the wilderness
Some days I only need the darkness and a place to rest
Oh, it takes time learning to fly

Dès les premiers mots, je sus. Je sus que Natasha jouait un rôle en venant à ma rencontre, et qu'elle n'était donc pas seule. Elle ne jouait que devant témoins, et je ne tardai pas à comprendre qu'il s'agissait de bien davantage que de simples témoins lorsqu'un petit garçon fit irruption auprès d'elle peu après. Je me figeai, m'étant attendu à bien des choses pour établir une couverture, sauf un tel extrême. Aussitôt mille questionnements fusèrent dans mon esprit, sans que rien ne paraisse, mais à chaque regard croisé avec elle, je savais qu'elle savait. Qu'elle faisait semblant car notre communication non-verbale était belle et bien là, ce qui était rassurant. Je m'étais apprêté au pire, notamment au fait qu'elle aussi, comme Bucky, soit retombée dans un reconditionnement par HYDRA depuis qu'elle s'était livrée à eux lors de l'attaque du Triskelion. Une attaque, une victoire au goût de défaite pour moi, précisément parce que le prix avait été trop lourd personnellement, à la perdre elle, l'une de mes rares amies sincères et fiables encore de ce monde.

Raison pour laquelle j'étais là aujourd'hui, sur le seuil de ce pavillon de banlieue londonienne, surpris face à la bouille d'ange du gamin qu'elle venait de prendre dans ses bras avec une affection qui me déstabilisa. Une affection qui me fit presque subtilement plisser des yeux pour tenter de cerner si c'était de la comédie. Je sentis mon coeur battre légèrement plus vite sous un stress étrange en réalisant que ce n'en était pas, la confusion gagnant davantage mon esprit. Je voulus lui répondre, sans savoir comment la nommer, ne voulant pas commettre un impair face à ce témoin, même jeune. Une autre voix, plus adulte, masculine, se chargea de répondre à ma question interne. « Natalie? Do you have Stevie ? He’s not on the couch anymore! » Un enfant, et désormais, un mari. Ce fut ainsi qu'elle fit officiellement les présentations lorsque l'homme passa la porte à son tour tandis que je tiquais sur le prénom du gamin, étrange copie conforme du mien.

Je détaillai le mari à son tour, tentant de déceler si lui aussi était un agent sous couverture pour x raison embarqué avec elle dans cette mascarade, ou si, comme le gamin, il était ignorant du jeu de dupes de son épouse à ses côtés. Un regard furtif avec Natasha me confirma que c'était la dernière hypothèse. Encore un prénom étrangement connu que celui de James. Trop d'éléments étaient perturbants dans cette famille recomposée du néant, et qui violentait mon esprit de mille et unes questions. Imperturbable et expérimenté en la matière, j'offris donc néanmoins mon sourire le plus naturel à l'homme quand elle expliqua la raison de ma présence ici, que j'apprenais en même temps que lui, éternelle ironie des fausses identités. Lui ne pouvait s'attarder, ce qui m'arrangeait bien. « It was a pleasure as well, Mr Grey, » dis-je poliment en serrant sa main avant de le laisser partir vers sa voiture.

Un regard de nouveau échangé et je sus que la mascarade allait pouvoir prendre fin dans les secondes à suivre, la suivant à l'intérieur et rejoignant la cuisine pour pouvoir parler à distance du gamin qu'elle laissa devant la télévision du salon. Définitivement son attitude changea du tout au tout et la bonne épouse normale laissa place à la femme assurée et forte qu'elle était, piquée dans ses retranchements par ma présence ici.

J'observai les lieux pendant qu'elle partait au comptoir et que je restai près de l'encadrement de l'entrée de la cuisine. « I just have good friends with many eyes in many places. You know the thing, » répondis-je en croisant les bras, épaule contre la paroi à la regarder aller préparer le café. Modestie et sincérité. Je ne l'aurais pas retrouvée aussi rapidement sans aide. Cela m'aurait pris des semaines supplémentaires à n'en pas douter. « Coffee. » Je jouai le jeu mais ma patience avait des limites et elle le savait très bien. Je n'étais pas venu ici pour rien, aussi amena-t-elle d'elle-même le sujet sur la table non sans lassitude et un certain agacement modéré.

« What am I doing here ? Are you serious, Nat' ? Last time I saw you, you were getting caught by AIM right before my eyes at the Triskelion for God's sake... » fis-je, surpris par sa question posée si nonchalamment alors que pour moi, ma venue semblait évidente. Un coup d'oeil de temps à autre me permettait de vérifier que le gamin ne nous écoutait pas. Je repris donc.
« I am more than relieved to see you're safe and sound, but come on, I was worried sick not knowing where they kept you, what they did to you... We've been looking for you everywhere everyday... and now I learn you're here, playing wife and mother like... » Je lâchai un soupir sans finir ma phrase. Comme si elle avait toujours été cela et n'avait jamais été une espionne tueuse impitoyable. « Because you're playing, aren't you...? Even considering the fact that you could suddenly give birth, he's too old to be your son... And those names... come on... what is goin' on Nat' ? Were you never caught ? Did you escape immediately ? Did the SHIELD free you without telling me and put you on this undercover mission for whatever reason they have again ? » l'interrogeai-je, clairement agacé d'avoir été tenu dans l'ignorance de tout cela alors que mes nuits n'avaient eu de cesse d'être tourmentées à l'idée de ce qui avait pu lui arriver de pire. Sans compter que je me sentais plus qu'endetté envers elle, qui m'avait cherché pendant des années après ma "mort", et qui m'avait libéré avec le peu d'aide dont elle disposait au sein de la résistance.

Sans me retourner je désignai le salon du pouce par-dessus mon épaule. « This kid out there, he believes you're his mother... when he finds out you're not... » Je laissai le silence parler pour moi. Etre sous couverture en manipulant des adultes était déjà mauvais à mes yeux, mais se servir d'enfants innocents... j'avais sincèrement cru que depuis qu'elle voulait se racheter une conduite, elle n'utiliserait plus ce genre d'extrême pour ses missions. Pas des enfants. C'était un deal presque muet, tacite, entre elle, et sa propre morale en reconstruction depuis des décennies. Pourquoi tout briser en reprenant ce genre de travers ? « This is wrong. » Mon regard se planta dans le sien sans équivoque. Toutes mes valeurs morales clignotaient au rouge dans mon esprit et dans mon coeur rien que pour la manipulation de ce gamin innocent. J'espérais qu'elle avait une bonne raison pour l'utiliser, sinon ma déception, en dépit de toute mon amitié loyale pour elle, n'en serait que plus grande et douloureuse encore. « Tell me you have good reasons. »

we're standing on a fault line

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(( ft @steven g. rogers ))

music ► Le masque tombe. Le masque de l’attentionnée épouse, l’aimante mère, s’échoue pour laisser place aux mille visages, les visages qui composent la fatalité de l’espionne. Ce passé qui sonne à ta porte, sous les traits du soldat étoilé ramènent à ta psyché les échos de guerres passées, un temps révolu que tu fuis depuis de nombreux mois désormais. Néanmoins, l’homme a toujours été présent, et fait preuve d’une confiance presque aveugle en une nature enfouie. Jamais il ne t’a laissé tomber, et sans le moindre étonnement, c’est bien lui qui se présente à ta porte. Tu attendais ce jour, tu avais prévu qu’il survienne tôt ou tard. Aucune surprise ne vient perturber tes traits glaciaux, le stoïcisme fièrement accroché à ton visage dans une habitude presque centenaire. Attelée à la confection de café, tandis que le petit Stevie se perd dans les images de dessinés animés défilant sur l’écran de télévision. Steve accepte ta proposition, et tu lui prépares une tasse. Aussitôt, le calme légendaire du soldat aux allures renfermées – tu le connais suffisamment pour le savoir en analyse, dès lors que ses bras se verrouillent sur sa poitrine – laisse place à une tempête modérée parle symbole qu’il incarne. Tu déposes sa tasse de son côté du comptoir, tandis que tu attrapes fermement la tienne entre tes mains et la déposes contre ton menton, t’enivrant de son parfum d’Amérique du Sud, sans daigner rétorquer aux envolées du soldat. Tu cales la pointe de ton pied droit sur ton pied gauche, et te tiens en équilibre tout en écoutant ses paroles.

Dans ton esprit, tu sais parfaitement quelle est la position de Steve vis-à-vis de la situation, avant même qu’il l’énonce. Comment l’en blâmer ? Personne, connaissant la Black Widow, daignerait croire en une telle vie. Pas même toi. Tout individu à la psyché normalement constituée serait profondément atteint par de tels propos, des propos sous-entendant que tu ne mérites guère cette vie paisible de mère de famille. Sous-entendant que tu n’es qu’une espionne et assassin impitoyable, sans la moindre merci. Sous-entendant que tu n’es que mensonge, au même titre que ta vie. Il termine, et tu laisses le silence s’installer. Tu t’enivres d’une gorgée de ton café chaud, sans émettre le moindre son. Tu déposes la tasse devant toi sans lâcher le regard de l’homme, accroché à son âme. Même la tasse n’émet pas le moindre bruit. Quelques secondes s’écoulent, infiniment longues. « He won’t ever find out i’m not his mother. », souffles-tu, alors que seules tes lippes s’animent. Aucun trait de ton visage délicat ne vient suivre les mouvements. De quelques gestes habiles de tes doigts, tu pianotes sur ton téléphone posé à quelques centimètres de toi. Un clic retentit dans la pièce, la source difficilement identifiable. « Cause i am. », tu ouvres le réfrigérateur et ouvre la trappe désormais visible, au fond de celui-ci. Tu en ressors une fiole au liquide carmin que tu apportes au regard de Steve. « Stevie’s blood sample. Do your own dna test. He’s my son. », à ces mots, tu plaques aussi sèchement que délicatement la fiole sur le comptoir, en évidence. Tu verrouilles de nouveau la zone cachée du réfrigérateur et te repositionnes comme initialement, un pied sur l’autre, la tasse entre tes mains et posée contre ton menton.

« I was detained by AIM when Hydra showed up. They did some genetic experiments and put me on nanochips as well, with a whole new and made up life in mind. The chips fried when i took an electric shock to the head, and i got all my memories back, mixed up with the new ones. Hydra somehow created Stevie from James and i dna’s, they gave them those fake names so i feel like home. », ton regard s’échoue aux pieds de Steve. « Even the cat is named after Logan. », ajoutes-tu en présentant le félin au soldat. « I became Natalie, a mostly homeworking architect, wife and mother. », ton regard s’illumine. « Momma? I’m hungry… », le visage impassible de l’espionne laisse place au visage aimant de la mère. Un visage honnête, souriant et heureux. L’enfant vient à toi et lève les bras. Tu poses ta tasse et fléchis les jambes pour le récupérer entre tes bras, déposant un baiser sur sa joue. Tu le tiens aisément d’un bras, grâce au sérum qui améliore en partie tes capacités physiques. Tu attrapes pain de mie et jambon pour lui confectionner un rapide sandwich que tu déposes dans une petite assiette, à côté duquel tu déposes des morceaux de pomme que tu as habilement coupé d’une main, une aisance insolente dans le mouvement. Tu déposes de nouveau l’enfant au sol et te mets à son niveau, l’assiette dans les mains, un sourire éternel aux lippes. « Take the plate and go back to the couch to eat, alright? And don’t tell your daddy, that’s our little secret. », souffles-tu en lui tendant l’assiette et passant ta main dans ses cheveux. L’enfant parti, tu replantes ton regard dans celui de Steve.

« I’m enjoying this life, Steve. I finally have the chance to live something peaceful and quiet. Everything about it is true. I mean, eventhough it’s been made up by Hydra and James doesn’t remember anything, Stevie is my son nonetheless. I am not playing. Not anymore. », tu concentres tes sens, pour planter ton ouïe sur le son de la télévision, dessinant une image mentale de ton fils dispersant des miettes un peu partout alors qu’il est pleinement absorbé par les images. « When i got my memories back, i ran away and Fury helped me to find a home. And here i am, having the life i never knew i wanted. I like being Natalie, Steve. I like being a mother and a wife, eventhough i’m not married to the James i knew my entire life… My James is a great man, a great husband and a great father. », racontes-tu un sourire discret aux lèvres, que la vision exacerbée du soldat dénotera aisément. « When i asked you what you are doing here… You want me to comeback, aren’t you ? Cause that’s a big no and a nasty kick in your ass you’re gonna get if you insist on that. », le regard on ne peut plus sérieux, et les mots prononcés d’un ton implacable, tu reprends une gorgée de ton café. Tu n’abandonneras cette vie pour rien au monde. « I spent two years protecting Ant-Hill and looking for you. I’m tired, i deserve this life. I meant it, when i said it’s your time now, back at the Triskelion. I’ve done my part. »

Lost in the echo

@Natasha A. Romanoff

Do you ever feel like all you want is to go home ?
To kiss the earth, to weave a way through this storm
Some days I rage like a fire in the wilderness
Some days I only need the darkness and a place to rest
Oh, it takes time learning to fly

J'avais pris la tasse tendue sur le comptoir, pour mieux faire quelques pas dans la cuisine et retrouver un coin pour m'adosser, attendant sa réponse à mes remontrances au final plus inquiètes qu'agressives. J'encaissais encore intérieurement cette situation sortie de nulle part, après avoir cru si longtemps qu'elle était en danger aux mains d'HYDRA quelque part dans le monde. Ma compréhension se heurtait plus encore au fait de la voir jouer les mères parfaites avec une absence quasi totale de mensonge dans ses actes et ses paroles envers le gamin. Quelque chose était perturbant ici et j'allais bientôt comprendre quoi. « Cause i am. » L'échantillon de sang fut posé sur le comptoir central, mon regard azuré ayant suivi chacun de ses gestes pour se figer sur la petite fiole en question. La suite de ses paroles confirma qu'il s'agissait du sang du jeune garçon, mais je ne l'entendis qu'à moitié, mon sang ne faisant qu'un tour en comprenant réellement ce qu'elle était en train de dire.

Je finis par relever les yeux vers elle pour croiser les siens, sans un mot pendant plusieurs secondes. Elle ne mentait pas. Elle pourrait. Mais pas là. Je le sentais. Elle ne mentait pas, ni là, ni dans les explications qu'elle me donna ensuite concernant toute cette période de flou depuis sa capture par AIM. Bien sûr qu'HYDRA avait pris le relais. Je ne fus aucunement surpris par l'enchaînement des événements tragiques qui lui étaient tombés dessus ces derniers mois, et qui m'avaient maintenu éveillé bien souvent, hargneux de ne pas avoir pu la protéger, la retrouver, la sauver de leurs griffes, comme elle l'avait fait pour moi. Je voulais réagir, mais les mots me manquaient en cet instant, intégrant les ramifications de ce qu'elle me disait. Natasha. La Veuve Noire. L'espionne, l'assassin, la plus redoutée de ce monde et même au-delà, désormais véritablement mère de famille.

En parlant de maternité, le fameux Stevie - que ce prénom pouvait me perturber, et j'ignorais encore jusqu'à quel point il le ferait - fit son entrée. Je restai immobile, à observer le changement immédiat d'aura de la part de l'espionne, qui s'illuminait littéralement d'un bonheur calme et apaisée en sa présence. Je la regardai le prendre dans ses bras, lui faire le sandwich, pour mieux le renvoyer affectueusement dans le salon avec sa petite assiette. La voir si heureuse, si posée, ne put que me rendre heureux pour elle instinctivement, tant je ne l'avais jamais vu ainsi. Comme si elle avait toujours été mère. Comme si jamais elle n'avait elle-même pris la vie de jeunes enfants durant les heures les plus sombres de certaines de ses anciennes missions. Parallèlement, un léger sentiment de malaise m'envahissait. Un sentiment de regrets, que j'avais pourtant appris à accepter, et à enfouir, depuis des décennies. Depuis mon réveil dans cette époque décalée. Une vie stable. Une vie posée. Une famille. Une vie simple. J'y avais tant aspiré dans mon époque. J'avais cru pouvoir y aspirer encore, à terme, ici, avant de comprendre que cela ne serait jamais possible. Rien ne concourrait en ce sens dans mon existence. Rien ne me laissait assez en paix pour y parvenir, je ne parvenais même pas à rester mort. Voir Natasha avoir soudainement atteint ce but irréel pour moi, était déstabilisant, et remettait presque temporairement en question cet interdit que je m'étais habitué à porter.

« I’m enjoying this life, Steve. [...] I am not playing. Not anymore. » La confirmation. Ses yeux, son timbre de voix, sa posture, rien ne mentait. Pas même une once de doute dans ses mots. Toute ma colère première, mon incompréhension, s'en étaient allées durant ces dernières minutes.

« Yeah... Yeah I can see that... and I am truly happy for you... I mean... seeing you so relieved and happy, so... at peace... well, I never really saw this Natasha before... » répondis-je avec un sourire en coin à la fois sincère et un peu triste de ce constat. « If you are happy I am more than fine with it. » Ce fut cependant l'évocation de James, de Bucky, qui me sortit de mes songes analytiques sur la situation. Bien sûr, elle n'avait pas perdu de son piquant et son mode défensif se réactiva bien vite concernant ma présence évidente ici, chez elle.

« When i asked you what you are doing here… You want me to comeback, aren’t you ? [...] i deserve this life. I meant it, when i said it’s your time now, back at the Triskelion. I’ve done my part. » Le silence. Je baissai un instant le regard vers le sol, encaissant ces vérités que je n'étais aucunement venu remettre en cause. Je réalisais simplement que, contrairement à ce que j'avais pensé en venant la trouver, cela ne serait pas difficile de la convaincre de revenir. Découvrir cette nouvelle vie épanouie qu'elle avait appris à aimer, changeait entièrement la donne. Comment venir la sortir de tout ça sans remords, sans culpabilité ? Je ne pouvais pas. Je ne pouvais plus. Néanmoins, je ne pouvais pas non plus fermer les yeux sur les éléments troublants de cette situation qui était désormais la sienne, à commencer par cette page tournée concernant Bucky, mon meilleur ami, et son âme soeur depuis plus d'un demi-siècle, aujourd'hui comme inexistant pour elle au profit d'un homme certes bon, mais sorti de nulle part. Comment pouvait-il remplacer cette passion qu'elle et Bucky avaient partagé tant d'années autrefois, en un claquement de doigts ? Je ne parlais même pas de certains dénis qu'elle s'infligeait en connaissance de cause, j'en étais persuadé.

« Indeed, I came here to get you back to the team. The world is on the brink of not one war but many and everyone can help preventing that from happening. But... » Je quittai mon coin pour faire quelques pas jusqu'au comptoir, me plaçant face à elle, les deux mains sur les rebords, seule la surface plane nous séparant désormais. Je plongeai mon regard dans le sien le temps d'un silence, hésitant avec bien des révélations à lui faire. Pouvais-je briser son bonheur ? Avais-je le droit de faire cela ? Elle qui avait tant donné, tant sacrifié toute sa vie. Elle qui avait enfin trouvé la paix, la rédemption. Elle qui avait tout ce que j'aurais voulu avoir. Aurais-je accepté que l'on vienne tout détruire gratuitement après avoir déjà tant fait ? Aurais-je toléré que l'on m'arrache à Peggy et nos enfants, si nous en avions eu ?

Mon regard toujours dans le sien, le tiraillement et surtout, la compassion, la compréhension, étaient visibles dans le brillant de mes iris clairs. « You deserve this. You deserve to be happy more than anyone I know, Natasha. And to be honest, I am even a bit jealous, you're somehow proving me wrong on some points about this kind of life that we could not have... » finis-je par achever avec un sourire tristement amusé, comme sur un air d'au revoir, ma décision effectivement prise en ce sens. Celle de lui laisser cette paix si difficilement obtenue comme j'aurais aimé qu'on me la laisse en retour.

« I am not here to fight you, as you're right, you've done more than enough for decades, and I, just as the whole world, will always owe you for too many things. I just didn't know about this new life of yours. I wouldn't have come otherwise. However... » Il y avait toujours un mais, qu'elle devait deviner, concernant nos vies chaotiques et rarement laissées en paix par le monde extérieur. « We both know that HYDRA and others will end up showing up and will never let you at peace for the rest of your life, which is to be a long one we both know that more than anyone else. And I know, I know... » répétai-je en levant les paumes pour l'empêcher de m'interrompre préventivement,

« I know that you can handle them, that you probably anticipated that and are ready to face them when they come, to protect your family. I just want you to know that whatever happens, even if this is the end of, well, Team Cap... ? » souris-je maladroitement pour la titiller et lui arracher au moins un semblant de sourire pour détendre l'atmosphère défensive-agressive qu'elle avait réinstaurée. Elle qui par fierté avait si longuement refusé d'être assimilée à notre petit clan. Un clan en plein délitement. Bucky sous le joug d'HYDRA, elle raccrochant le job. Ne resterait plus que Sam et Sharon pour m'aider à récupérer Bucky. Je ne préférais clairement pas lui expliquer la situation concernant son ancien grand amour. « Well you can count on me if you need anything, of course. To be safe from HYDRA or to send presents to your kid for his birthday, i can do both, » ajoutai-je. La loyauté était dans mon ADN. Que nous combattions ou pas ensemble à l'avenir, notre amitié allait bien au-delà des champs de bataille depuis longtemps. Ma façon à moi de dire que j'espérais qu'elle ne voulait pas me rayer entièrement de sa nouvelle vie, même si je devais ne la voir que ponctuellement pour prendre des nouvelles. Nous savions tous deux que la voir en physique régulièrement ne seriat pas à l'ordre du jour sans attirer l'attention sur sa nouvelle famille et mettre leurs vies en danger. Captain America allant dans une maison de banlieue paumée avec la moitié des Avengers ne permettrait jamais une vie sereine. Alors nous ne nous verrions plus, ou que secrètement, probablement.

Je finis par faire le tour du plan de cuisine pour venir face à elle. « He's a great kid. And he has the best mother he could hope for, » souris-je. Après un instant, je me penchai finalement pour l'étreindre amicalement et même fraternellement dans mes bras, la gardant un temps contre moi. « I am happy for you, and I wish you the best. You really deserve this. Goodbye, Natasha. » Je la relâchai, et dans un dernier sourire je reposai la tasse sur le comptoir pour quitter la cuisine, ayant simplement fait un signe d'au revoir au gamin dont les miettes de sandwich maculaient ses petites joues. Une vision si simple, si chaleureuse, alors même que je ne le connaissais que depuis quelques dizaines de minutes.

Près de la porte, temporairement hors de vue de Natasha, mes épaules s'affaissèrent, de même que ma tête, dans un soupir partiellement abattu. Trop de surprises et d'émotions contradictoires en trop peu de temps. Tiraillé. Oui. J'aurais voulu que Natasha reprenne du service pour m'aider, mais je savais que je m'en serais voulu et qu'elle aurait dit non dans tous les cas désormais. Je m'étais ainsi abstenu d'évoquer Bucky, et tout le reste, pour ne pas briser sa nouvelle existence davantage. Parfois prendre les bonnes décisions signifiait en prendre des douloureuses. Celle-ci était à la fois porteuse d'espoir, car j'étais sincèrement heureux pour elle, et heureux d'avoir évité de tout briser. Mais elle était aussi cruelle, car je perdais une amie, quelque part, qui avançait, alors que moi-même, je ne pouvais avoir ce même luxe. J'allais devoir retrouver James par moi-même. Et reprendre ma vie de soldat, comme toujours.

Je finis par tourner la poignée de la porte pour sortir, et tombai face au mari arrivé en parallèle sur le seuil. « Hey, I was just lea... » Je fronçai les sourcils. Quelque chose clochait. Sérieusement. Tous mes sens furent en alerte d'un coup. Et merde...

we're standing on a fault line

⋅ ⋅ ⋅ ⋅ they said we could be heroes, save the world from itself, but we're the ones dyin'. they said we could be heroes, fight the villain inside, but the earth started shakin'. we're standing on a fault line.

(( ft @steven g. rogers ))

music ►

Sans même le croiser, tu perçois le regard de l’homme se poser lourdement sur toi, attentif à ton récit autant par son ouïe surdéveloppée, que sa vision surhumaine cherchant à déceler le vrai du faux. Le soldat fait partie des individus les plus habitués à tes mensonges et masques, que tu revêtes à toute occasion, perdue dans les vies que l’on te façonne pour te fondre dans ton environnement. Ces récentes années, et plus encore depuis que tu l’as extirpé de sa captivité sibérienne, tout masque est tombé. Il n’y avait guère de place pour te jouer de tes alliés, seule la survie comptait, à l’exception de ce plan de secours concernant ta captivité par AIM. Tu te savais la plus à même de dérober toute information à l’organisation déchue, tout comme tu savais le prix que tu risquais de payer. Fury savait, tu savais. Toute autre personne était restée dans l’ignorance, Steve plus que n’importe qui n’aurait pas approuvé tout plan menant à ta détention, ou la détention de qui que ce soit d’autre. Garder le secret était la chose à faire, le soldat aurait eu d’autant plus de culpabilité sur les épaules : tu l’as sauvé, il t’aurait laissé malgré lui. Tes choix sont, plus souvent qu’il semblerait, pour le bien d’autrui. Toute vérité n’est pas bonne à partager.

Ton regard vient se planter dans l’azur du sien, intensifiant tes mots et leur poids, intensifiant tes expressions laissées à découvert, permettant ainsi au soldat de cerner toute la véracité de tes propos. L’intervention de Stevie dans la pièce ne put qu’accentuer ton récit, révélant la véritable Natasha, cette nouvelle version répondant au nom de Natalie Grey. Cette mère et épouse comblée que tu es devenue. Cependant, le dispositif à tes côtés est une preuve que l’ombre de Natasha plane encore sur ta tête, que jamais tu ne seras capable de ne pas regarder par-dessus ton épaule, pourchassée par un passé demeurant ton présent, et éternellement ton avenir. Si tu peux te tourner vers ce dit avenir, Black Widow et son histoire en feront continuellement parties, que tu veuilles t’en détacher ou non.

Ton regard se perd sur le mobilier lorsque le soldat te confirme ce dont tu étais déjà certaine, la raison de sa venue. Un écho du passé fracasse ta psyché, les décennies d’une nostalgie ancrée venant défiler silencieusement à ta rétine, l’évocation de guerres faisant émaner les dizaines que tu as traversées, dans l’ombre, ton souffle comme témoin de tes réussites. Tu ne parviens pas à anticiper cette fois-ci, pour une des rares fois, tu ne sais si l’homme va faire preuve d’insistance quant à ton retour, ou s’il allait lâcher prise. Tes yeux glissent de nouveau dans les siens, légèrement bouche-bée alors qu’il déroule la seconde possibilité. « I did. I do. And i will. I’m prepared for them. I know they’ll come, but… », tes mots demeurent en suspension, tentant de rassembler tes pensées éparpillées sur bien des sujets. « Don’t get me wrong, this isn’t the life i wanted. I dreamed about it, i surely did, but that’s not a life for him. I’ll constantly have this shadow over my shoulders, over his. But he’s here, and i won’t let him down. If i can’t be his mother, who will be? We share the same dna, making him the perfect next weapon for them. I can’t let that happen, you know i can’t. You wouldn’t neither. », souffles-tu, mettant des mots sur cette responsabilité toute particulière, au-delà de ta responsabilité en tant que mère. Tu te dois d’empêcher que Stevie devienne le prochain ennemi. S’il a été conçu à partir de ton ADN, une pièce du puzzle manque. Une pièce que tu cherches dans le bleu des yeux du soldat.

Tu esquisses finalement un sourire. « Come on Princess, Team Cap isn’t over. Team Cap won’t ever be over. It’s a symbol, a symbol you represent. », tu marques alors une pause. « I know you’ll be there. You’re one of the few i can rely on, and that won’t change. So you better send presents, or i’ll get back to New York to kick your ass, supersoldier or not ! », ton sourire se transforme en quelque chose de plus lumineux, la complicité venant de nouveau s’installer, s’accaparant de l’atmosphère quelque peu lourde depuis son arrivée. « I’ll tell him about his uncle Steve, but i’m sure you’ll get by to tell stories yourself, right? », la malice se dessine au creux de tes lèvres, bien que la requête soit posée sous forme de question, tu ne lui en laisses guère le choix. Stevie, malgré ta retraite, demeure un membre de cette famille par procuration. Les derniers mots de l’homme viennent alors briser le sourire à tes lèvres, tandis qu’il contourne le comptoir vous séparant jusqu’alors, pour se poster de tout son long face à toi.

Si ton visage reste de marbre, une larme invisible s’écoule le long de ta joue. D’ordinaire, vos adieux n’ont jamais eus lieu, habituellement séparés par les batailles. Cette fois-ci, l’initiative est définie, le sentiment différent. Une étreinte vous lie une dernière fois, alors que tu te hisses sur la pointe de tes pieds pour glisser tes lèvres à son oreille. « Even if that seems far away, your time will come. Someday. », l’étreinte se brise, mais tes doigts fins viennent se poser sur sa joue. Un dernier contact avec l’un des individus les plus chers à tes yeux. « You’re the greatest man i know, Steve. That’s thanks to you i am who i am today. You showed me the way, even if i didn’t listen to you at every step of the way, you lead me, inspired me, the same way you inspired humanity, the same way you’ll inspire them. Thank you, for everything. », ultime sourire esquissé à tes lèvres, tu te hisses une seconde fois pour déposer un baiser sur sa joue. « If you repeat this words to someone else, i’ll also get back to new york to kick your ass. Badly. », ta main se retire de son visage, tes lèvres mimant un goodbye en retour au sien. Mimé, car tu sais pertinemment que vos routes se croiseront de nouveau. L’homme quitte la pièce, désormais seule ton ouïe te permet de tracer ses mouvements. Tu t’appuies de nouveau sur le bord du comptoir, captant la porte d’entrée qui vient s’ouvrir.

Ses mots en suspens, attisant ta propre alerte. « Natalie… ? », tu perçois la fébrilité dans la voix de James, et viens aussitôt dans le couloir. Tu captes le regard de James, Steve vous séparant. « Forgot something, honey? », demandes-tu, sourcils froncés et demeurant sur le qui-vive. Le sérum coulant dans tes veines te permet de capter avec précision la sueur perlant sur son front, et les déglutis pénibles dont il fait preuve. « Momma? Daddy? », Stevie à son tour vous rejoint, et tu fais barrière avec ton bras pour l’empêcher d’avancer. « I’m sorry, Natalie. », ton mari te lance un regard de désespoir, alors que ses lèvres entrouvertes viennent parfaire l’alerte. « Go back to the couch sweetie. », tu émets ta demande hâtive, regardant qu’un bref instant ton enfant que tu mènes légèrement dans la bonne direction en forçant son pivot. Tu reportes aussitôt ton attention sur James, alors que te postes devant l’épaule de Steve. « Targets confirmed. », entends-tu un peu plus loin. Tu tentes d’amener ta main à ta poche, pour récupérer ton dispositif permettant de sécuriser la maison. Rien. Laissé dans la cuisine.

Le tir retentit. Le temps se fige. La balle vient traverser la tête de James, d’une tempe à l’autre. Une projection de sang vient recouvrir une partie de ton visage. Tu as envie d’hurler, mais tes décennies d’horreurs t’en empêchent. Une expression horrifiée vient seulement brièvement secouer les traits de ton visage qui traverse les âges, alors que déjà, les pulsations calmes de la Veuve Noire viennent éveiller ton organisme. Steve te tire en retrait, ses réflexes étaient encore plus exacerbés que les tiens, et comme le duo expérimenté que vous êtes, tu refermes la porte du bout du pied pour bloquer la vision de vos attaquants, laissant le corps sans vie de James de l’autre côté. Dans ta prouesse de gymnaste, tu t’empares de Stevie et t’apprêtes à rentrer dans le salon lorsqu’une grenade fumigène brise la baie pour plonger la pièce dans une fumée épaisse, un homme pénétrant à son tour. Tu reconnais la silhouette significative des Winter Soldiers. « Steve, hold them a second ! », hurles-tu à ton partenaire, alors que tu plonges dans la cuisine et te camoufles derrière le comptoir, ouvrant un placard. « Hide there sweetheart, and don’t move, momma will come back to you i promise. », tu déposes un baiser sur son front et refermes le placard sur lui. Tes doigts viennent aussitôt chercher ton téléphone, alors que ton autre main ouvre un tiroir. Un bouton révèle un compartiment caché dans lequel se trouve un pistolet, et sur ton dispositif, tu observes les détecteurs de mouvements. « Three. », indiques-tu à Steve d’une voix affreusement calme malgré la situation.

Pisolet logé grâce à l’élastique de ton bas de pyjama, tu t’empares de tout couteau de cuisine que tu parviens à trouver. La porte d’entrée est brisée par les soldats venant par l’avant, et tu attends le moment opportun pour libérer une salve de couteaux de cuisine de ton lancer expert, mais ceux-ci ne font que blesser les soldats aux habilités démesurées. Tu profites de ta salve lancée pour te déplacer en jouant avec couloirs et pans de murs, le terrain que tu connais parfaitement te donnant un avantage certain. Tu captes des pas venant de derrière toi, et t’empares de l’arme à ta ceinture. Tu t’écartes d’un pas assuré pour prendre en joug ta cible. Pas un tir. « Natasha. », tu dévisages ton adversaire, le doigt sur la détente. « Yelena. », ton égal, ou presque. Une autre Veuve Noire devenue rivale, ou parfois alliée. Etait-ce au moins elle, ou un clone de cette dernière. « You shouldn’t have. », souffles-tu, la confrontation étant comme faire face à un miroir. Chaque mouvement est identique, toute comme vos postures. « And why is that? », demande-t-elle alors. « Cause now i’m mad. ». Tir. Vous effectuez toutes deux une roulade sur le côté pour reprendre couverture derrière un pan de mur. « Any chance you got your shield back? », hurles-tu à Steve, lui-même affairé à son propre combat. Tu entends une arme se charger, fusil automatique, grâce à tes sens. Un soldat de l’hiver ouvre le feu à travers le mur contre lequel tu t’appuies. Tu te jettes au sol et joues avec le mobilier pour trouver une nouvelle couverture, t’emparant de matériel disséminé dans les quatre coins du domicile. Tu n’es absolument pas en tenue de combat, mais il te faudra faire avec. Adossée et accroupie contre un meuble, tu glisses ta main sous celui-ci pour récupérer un bracelet que tu enfiles aussitôt.

Tes pensées vont vers James, inerte devant la porte d’entrée, et Stevie, dont la vie dépend de Steve et toi. Douce ironie que cet assaut, après avoir mentionné la menace Hydra planant éternellement sur ta tête.

Lost in the echo

@Natasha A. Romanoff

Brain cleansed, fractured identity
Fragments and scattered debris
Withdraw before you're out of time
Clean slate and buried war crimes

Le regard du mari. Sa respiration. Sa transpiration. Sa posture. Non. Rien n'allait dans son attitude, planté face à moi, lui sur le seuil, moi encore à l'intérieur. Je ne bougeai pas, percevant la menace, encore invisible, mais définitivement perceptible. Mon avant-bras gauche se contracta subtilement sous ma manche, pour le seul besoin de sentir le poignet de force qui l'occupait sous la manche, recelant le bouclier énergétique activable en cas de besoin, à défaut d'avoir le vrai avec moi. Toutes mes émotions joyeuses, surprises, tristes, nostalgiques des secondes auparavant, venaient de s'évaporer en un instant au profit de mécanismes ancrés en moi depuis bientôt un siècle. Un siècle d'instinct de survie, de combat, d'anticipation et de riposte, sur tous les fronts possibles à travers la Terre et même au-delà. Tout comme Natasha, dont la voix que je perçus dans mon dos - sans me retourner, sans lâcher un seul instant des yeux le mari pour être paré à réagir à toute attaque extérieure - trahissait la compréhension suspecte de la situation évidemment. Raidi, droit comme un i, prêt au combat, mon regard avait déjà plusieurs fois observé les alentours pour tenter de cerner la menace encore floue, bien que devinable. Je n'avais juste pas envisagé une seconde que mes paroles trouvent réalité si tôt.

Ma main agrippa instinctivement le bras de Natasha lorsqu'elle se posta devant moi, préventivement pour l'empêcher de franchir le seuil, quand bien même n'en avait-elle pas eu l'intention. Simple réflexe. Ce seuil marquait la limite claire entre le danger immédiat et nous, de manière pourtant abstraite, instinctive. Je voulus tirer le mari à l'intérieur, mais la voix dans le micro, au loin, me devança de peu. Tout s'enchaîna. Le sang gicla. Je tirai Natasha en arrière pour la relâcher avec force vers son fils quelques mètres derrière, lui laissant à peine le temps de refermer la porte avec son éternelle agilité. « On it ! Just get away with him ! » rétorquai-je en bondissant droit sur le premier Winter Soldier débarqué dans le salon au milieu des fumigènes, dans un coup de pied sauté violent coupant nette sa tentative de poursuivre Natasha. Est-ce que j'étais énervé ? Le mot était faible. Celle qui était devenue plus qu'une amie, une véritable soeur, dans un lien particulier forgé à travers les pires épreuves de nos vies immortelles, avait enfin trouvé la paix, le bonheur, mérité, et ces nazis venaient de tuer son mari sous ses yeux et ceux de son fils pour mieux tout détruire sur leur passage.

La haine. La haine m'animait. Cette émotion que j'exécrais tant alimentait mes coups avec des grognements de colère perceptibles, tous mes sens en alerte telle une machine de guerre. Les gens pensaient que je ne ressentais jamais ce genre de chose, que j'étais trop bon pour cela. Comme ils se trompaient. Ma détermination à faire le bien, tenait de ce coupable équilibre entre ma trop grande compassion, ma trop grande empathie, et la fureur que celles-ci me provoquaient face à l'injustice. L'injustice me rendait fou intérieurement, et me lançait tel un bulldozer protecteur pour vite la stopper, et aider les autres. Ce garçon venait de voir son père mourir sans raison, sans prévenir. Toute sa vie s'écroulait. Celle de Natasha avec. Tant de souffrances déjà si jeune. Comment rester neutre ? J'allais les démolir. Littéralement. Il n'y avait pas besoin de tuer pour briser des enfoirés pareil. La culpabilité d'avoir peut-être amené HYDRA à leur porte s'y ajoutait, en plus du fait de voir des copies de mon meilleur ami disparu, torturé, manipulé, qui n'aidait pas non plus à rester calme.

Le combat s'enclencha dans l'instant avec toute la rapidité et la brutalité que des super-soldats pouvaient avoir en face à face. A défaut d'avoir mon bouclier réel, j'activai et désactivai ponctuellement celui à mon avant-bras pour frapper ou parer de manière imprévisible entre plusieurs combos d'arts martiaux. Ce n'était pas la première fois que j'affrontais des sosies de Bucky, en plus de lui-même, à la solde d'HYDRA. Je savais que plus que tout autre adversaire, je me devais d'être absolument imprévisible dans mes techniques de combat. Le seul qui s'élevait au-delà en la matière, et me challengeait plus encore, était Taskmaster. Chaque combat contre ce dernier ou un super-soldat était une véritable épreuve d'innovation pour en venir à bout. « Yeah, for now ! » maugréai-je en retour à Natasha en réponse à son compte d'ennemis. Trois. C'était déjà bien trop. Le pire étant que je craignais qu'il y en ait davantage à venir, ou tapis à l'extérieur pour nous prendre en tenaille si nous tentions de fuir. Snipers et autres fourberies du genre.

Dans une manœuvre habile je saisis mon adversaire pour le renverser sur la table basse avec hargne, qui explosa à l'impact, lui fauchant son arme à feu dans l'action pour lui tirer dans les jambes avec et espérer l'immobiliser par blessure grave avant de lui asséner d'autres coups pour l'achever. Je n'en eus pas le temps. Un autre soldat me planta un poignard dans l'omoplate comme on piquerait un taureau, ce qui me fit réagir férocement par pur réflexe, me roulant vers l'avant pour l'envoyer valser en face. Le premier s'était déjà relevé, prenant la suite sans me laisser une once de répit. Il m'agrippa par la nuque et me projeta dans le mur derrière qui craquela à l'impact. La seconde suivant un autre poignard lancé se planta dans mon ventre, m'arrachant un nouveau cri de douleur, et ce ne fut que mes réflexes qui me firent repousser les suivants avec mon bouclier énergétique, qui allèrent se ficher dans les murs et les meubles. « Four ! » grognai-je à l'attention de ma partenaire de champ de bataille, que j'entendais aux prises dans l'autre partie de la maison.

Deux Winter Soldier armés jusqu'aux dents alors que j'étais en civil avec un bouclier de substitution, et sans mon uniforme au tissu renforcé, clairement j'allais devoir être au summum de mes capacités pour les vaincre, avec en plus des civils autour et surtout, le fils de Natasha pas loin. Je sortis la lame de ma chair et la lançai en retour, visant la goupille de sa grenade à la ceinture pour la faucher en vol. Rapide, il la décrocha et me la lança dessus avant explosion. Un revers de bouclier me fit la renvoyer par la fenêtre dans le jardin, où elle explosa et ébranla les murs et le plafond. La poussière tomba mais l'affrontement reprenait déjà, les coups pleuvant sur moi à la vitesse de l'éclair.

Le second revenait à la charge également et bientôt temporairement dépassé par cette avalanche, je me retrouvai immobilisé par ces deux brutes sur moi qui tentaient de tenir mes épaules et bras pour mieux me frapper sans que je ne puisse riposter, seuls mes coups de pieds dans leurs poignets armés de flingues me permettant de dévier les tirs dans les murs à temps plusieurs fois de suite. Force de la nature que j'étais, je refusais de leur laisser une once de faiblesse profitable. Incapables de me tuer malgré leur supériorité, je fus projeté dans la cuisine, tombant derrière le comptoir près du placard où était Stevie. Par l'ouverture, je vis son regard terrifié, mon coeur battant doublement plus vite sous la décharge d'adrénaline et de peur qu'il lui arrive quelque chose. J'entendais les soldats courir vers moi pour achever leur besogne alors que je saignais déjà du dos et du ventre, sans que cela ne suffise à m'abattre, clairement, vu le passif de ce que j'avais déjà encaissé durant mon existence en terme de rudes combats. Le sérum se chargeait qui plus est de stabiliser mes saignements.

Je détachai le bracelet de force de mon avant-bras et le glissai dans le placard du gamin pour vite le lui accrocher au bras. « You stay tight behind it okay ? It will protect you ! I'll be right back ! » lui murmurai-je avant de refermer sèchement le placard pour mieux bondir préventivement au-dessus du comptoir, mon pied fouettant le visage du premier soldat qui pensait me prendre en premier par surprise. Avoir vu ce visage innocent, terrifié, me remotiva doublement, décuplant ma rage de vaincre. J'atterris debout courbé sur le plan de cuisine central et repris les enchainements, sautant, esquivant, pour mieux contre-attaquer avec des coups de pieds rapides suivis d'une vrille par-dessus leurs tête. L'un d'eux avait anticipé et me fonça dessus comme un bulldozer, nous faisant traverser le mur pour atterrir dans le garage. D'un coup de tête à terre je brisai ses lunettes de protection, puis son nez d'un deuxième coup.

« Any chance you got your shield back ? » « Working on it ! Just a bit... busy... at the time... But in case motherhood... made you forget it.. we were trained to be weapons, not to need any. » rétorquai-je, entrecoupé par mes coups et ripostes. Je joignis le geste à la parole en brisant la trachée de mon adversaire d'un coup bien placé, coupant net son souffle pour mieux le mettre K.O. d'un rapide coup de pied aérien retourné en me relevant d'un saut.

Histoire de m'assurer qu'il était bien K.O. je saisis son torse et le projetai dos et nuque contre le plafond en le laissant retomber lourdement, inerte. Mon corps saignait et souffrait des chocs mais l'adrénaline me tenait au summum de mon énergie, le sérum aidant, en plus de la colère. « Just tell me it's not that Yelena you talked to, » suppliai-je faussement, tout en sachant parfaitement que c'était bien sûr elle. Il n'y avait pas mille Yelena Belova. Clone ou pas. J'avisai les véhicules dans le garage. Voiture et moto. Notre seul moyen de nous enfuir de ce guet-apens et d'échapper aux snipers extérieurs qui, à pieds, nous tireraient comme des lapins bien trop facilement.

Je courus pour rejoindre la cuisine et m'occuper du second agent. Il avait disparu. Rejoindre Natasha ? J'hésitai un instant à la rejoindre dans son combat pour rattraper le type et la soulager de ce nouvel attaquant, mais la priorité était évidente sans même l'avoir dit entre nous. Stevie. Elle saurait se débrouiller mieux que quiconque au moins le temps que je puisse protéger le gamin et l'aider si nécessaire ensuite. Je l'extirpai du placard pour le prendre dans mes bras et m'empressai d'aller le mettre à l'arrière dans la voiture. « Stay low, shield up, got it ? » lui dis-je en mimant le bras levé pour lui montrer. Accroupi aux pieds de la banquette, il fit le geste et garda le bouclier sur sa tête, étroitement protégé et hors de vue pour le moment. Je vis cependant son regard s'écarquiller et l'ombre dans la vitre. J'esquivai juste à temps, le poignard cranté se planta dans la carrosserie du toit. Un mouvement vers l'arrière et ce fut les tirs de revolvers qui frôlèrent mon visage. Foutus vicelards d'assassins attaquant jamais en face !

« Man I am just so pissed to see your kind with my friend's face you have freakin' no idea ! » éructai-je en reprenant le combat pour l'éloigner de la voiture où était le gamin, un mot par coup tant j'étais rendu furieux par la situation. Une seconde plus tard je soulevai la moto pour la balancer sur lui, qui la repoussa sèchement de son faux bras métallique. Ils avaient vraiment bien trop copié Bucky les salopards. Je profitai de l'effet de violence pour néanmoins lui éclater le visage du talon et de plusieurs uppercuts fracturant ses os à force de répétition rapide et brutale. Je saisis la ceinture de sécurité par la fenêtre de la place passagère non loin avant pour l'enrouler vivement autour du cou de l'assassin et serrer aussi fort que possible pour le bloquer, mon dos contre la portière près de Stevie, et le corps de l'agent convulsant sans pouvoir riposter assez vite, ses forces l'abandonnant rapidement.

« Natasha, our only way is the car ! I'm not leaving without you this time and Stevie's waitin' for his mother so hurry up and come here quickly or we're doomed ! You'll chat with your friend Belova later ! » grognai-je dans l'effort pour achever la syncope sur mon adversaire puissant et résistant, qui finit par s'écrouler à mes pieds, me laissant essoufflé moi-même. J'en profitai pour le délester de toutes ses armes que je jetai dans la voiture en vrac en prévision de notre fuite. Nous étions loin d'être tirés d'affaires clairement. Elle avait juste intérêt à arriver vite, sinon nous savions tous les deux que je serais forcé de partir sans elle, pour la survie de son fils, et cette deuxième fois à la laisser en arrière serait celle de trop pour moi. J'étais remonté plus que jamais. Injustice de trop de la part de nos ennemis éternels, à venir tuer un homme innocent et tenter de tuer toute sa famille en surplus. Not on my watch, basterds.

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(( ft @steven g. rogers ))

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Tu perçois la rage dans chaque coup porté par Steve, sa moralité touchée en plein cœur après avoir été témoin de cet assassinat de sang-froid. Ton mari, un inconnu à ses yeux, seuls quelques mots échangés. Qu’importe, toute vie a un sens dans son esprit. Tu as été conditionnée des décennies durant pour demeurer impassible, quand bien même un proche tombe devant tes yeux, quand bien même tes ennemis déroulent leur jeu horrifique. Tu restes maîtresse de ton esprit, de ton corps, qu’importe la situation. Le sang-froid pour meilleure arme. Tu sais parfaitement organiser ton esprit de manière à rester en parfaite maîtrise. Certains te considèreraient sans-cœur, la vérité demeurant dans ce contrôle inculqué à la Red Room. Ne pas laisser les émotions prendre le dessus. Tu laisses Steve s’affairer à combattre les clones de l’homme qui recouvre bien trop souvent tes pensées, tandis que ton combat se joue sur un terrain plus délicat. Au sol, adossée à un meuble, tu en extirpes une nouvelle arme de poing et reprends ta traque.

De nouveau en face à face, mouvements identiques, vous vous toisez longuement. « Seriously Natalia, you thought you could have such a life? », décoche Yelena d’un ton animé par le dégoût. « I was trying to do something good. Be more than just a trained killer. », rétorques-tu sans baisser ton arme, visant la gorge de ton adversaire. « You’re fooling yourself. We are both still trained killers. », rebondit-elle alors que vos pas vous rapprochent. Désormais à portée physique, tournant en un cercle parfait, l’action se déroule. Vos mains libres viennent cogner l’une et l’autre le poignet adverse, tenant l’arme, pour vous désarmer mutuellement. Vous vous emparez mutuellement de l’arme de l’autre, l’armant de nouveau. Si elle revête sa tenue d’espionne meurtrière, ce n’est guère ton cas, te présentant un désavantage certain. Peu d’issues possibles, il te faut agir vite. Le corps-à-corps s’engage, vos mouvements mimés parfaitement donnant une cadence endiablée à cette danse qui se joue trop rapidement pour l’œil d’un humain lambda. Vos armes changent de main régulièrement avant que le combat ne prenne une pause. Tu te dois d’être imprévisible si tu souhaites prendre l’ascendant, exploiter un art martial qu’elle pourrait ne pas connaître. Dans le reste du domicile, l’affrontement de Steve avec les clones de James se poursuit, plus bruyant et brutal que celui des Widows.

Tu profites de l’irruption de leur combat non loin pour te jeter au sol et faucher sa jambe, avant de hisser la tienne dans son bras lors de sa chute, dans l’idée de la désarmer. Ton adversaire se ressaisit rapidement et c’est un affront au sol qui se joue, chacune tentant d’immobiliser l’autre. Dans les mouvements hâtifs, Yelena s’empare d’une lame. Tu bloques son coup de ton avant-bras et la cognes dans son flanc, mais elle lâche son couteau qu’elle réceptionne de son autre main pour venir te la planter dans la cuisse. Tu encaisses la douleur comme à ton habitude et exploites sa posture difficile à maintenir pour planter ton front dans son nez et forcer son retrait. Durant la seconde gagnée, tu retires la lame de ta cuisse, et, t’apprêtant à te relever, tu viens planter ton genou dans son menton. De nouveau sur tes jambes, elle ne tarde pas à te faire face. Lame fermement tenue dans ta main, tu laisses désormais ta jambe fragilisée en retrait, exploitant celle saine pour maintenir tes appuis fermes. Tes sens exacerbés te permettent de tracer rapidement le combat de Steve, te permettant d’en localiser la position. La lutte se rapproche de votre position, un coup du soldat envoyant un clone de James vers vous. D’un salto arrière finement exécuté, tu passes au-dessus de l’homme qui termine sa course sur Yelena, et envoies ton lame directement dans son épaule. Tu t’élances et bondis, jambes en avant, pour accrocher la tête de la blonde entre tes jambes et l’envoyer tête dans la première dans le dos du winter soldier. Te réceptionnant, tu envoies une charge de Widow’s Bite sur le bras mécanique du clone et récupères l’arme à feu laissée au sol durant ton combat avec Yelena, cette dernière fonçant sur toi et te plaquant à la taille pour te propulser sur un mur de plâtre qui s’effondre. Hébétée un instant, elle t’assène une multitude de coups au visage, avant de tenter d’à son tour, t’électrifier. Tu dévies son bras du tien, et la décharge heurte le sol à quelques centimètres de ton visage, les arcs électriques frôlant ton épiderme. Du coude de ton autre bras, tu fracasses ses mâchoires et plantes ta main dans sa nuque, pour envoyer son crâne directement dans la capsule électrique au sol. Tu t’éclipses.

La voix de Steve résonne depuis le garage, tu perçois déjà le bruit du moteur qui vrombit. Tu ne rétorques mot, laissant ta position inconnue. Tu rejoins la cuisine où tu récupères ton téléphone d’espionne, et reviens aussitôt aux abords de l’endroit où tu as laissé tes opposants, laissant le téléphone au sol. Tu quittes de nouveau ta position et active le dispositif, un hologramme de ta personne prenant vie, attendant désormais que l’appât face son office. A l’affut, ton timing doit être millimétré. Lorsqu’ils passent à l’assaut de l’hologramme, tu quittes ta planque et fonce sur eux, prenant appui sur le dos du winter soldier pour envoyer tes jambes en avant dans le thorax de Yelena. Tu poursuis la course de ta prise pour attraper le crâne du soldat que tu envoies au sol. Dans ta chute, tu effectues un mouvement circulaire de ta jambe pour cogner Yelena en plein visage, et lorsque tu atteins le sol, tu t’empares de ton téléphone laissé au sol, sans cesser ta course, désormais pour fuir. Les balles fusent aussitôt non loin de toi. « Drive ! », hurles-tu à l’intention de Steve alors que tu pianotes sur ton téléphone, à quelques mètres d’une baie vitrée. Une dernière pression sur le téléphone et tu démarres le décompte dans ta tête. Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un.

L’explosion retentit, l’intégralité de ce domicile qui fut le tiens plusieurs mois s’évapore. Tu traverses la vitre qui te fait face après avoir décoché une balle unique dans celle-ci pour la fragiliser. Une roulade, tu te réceptionnes et poursuis ta course à grandes enjambées, rejetant toute douleur par instinct de survie. Tu prends aussitôt place côté passager, la portière laissée ouverte par Steve à quelques mètres de là. Réflexe maternel, tu te jettes sur la banquette arrière et prends le visage de Stevie entre tes mains. « It’s okay sweetheart, you’re safe now, everything’s gonna be fine i promise. », souffles-tu paniquée, une larme perlant sur ta joue alors que croisant enfin le regard de ton enfant, tu réalises la situation. Black Widow ou non, ton enfant, l’être que tu chéris le plus, vient de perdre son père, assassiné de sang-froid devant ses yeux. Un écho du passé, ton esprit ressassant alors ta propre enfance, malmenée par de tels événements. « Momma, where’s daddy? », demande-t-il la voix tremblante, et tu n’as d’autre réflexe que de l’amener contre ta poitrine pour l’enlacer, et lui prodiguer tout ton amour.

« He’s far from the bad guys now, honey. He’s somewhere safer. », tu berces l’enfant, par instinct maternel, alors qu’il ne réalise guère l’entièreté de la situation du fait de son jeune âge. Tu relèves la tête un instant, découvrant le restant de ta demeure qui s’évapore en fumée, alors que tu t’en éloignes, Steve vous menant ailleurs. Tu n’auras plus que tes souvenirs, de ce lieu, de cet homme devenu ton époux, désormais mêlé aux cendres qui gagnent le ciel.

Le répit n’est que de courte durée, une voiture et une moto vous talonnant. Sur l’engin à deux roux, la chevelure dorée de Yelena, aisément reconnaissable. « Shit. They’re here. Join the highway. », lâches-tu à Steve alors que tu observes par le pare-brise arrière les véhicules se rapprocher dangereusement. Vous gagnez l’autoroute, Steve slalomant entre les files de voitures. Tu armes de nouveau ton pistolet, sans même regarder le contenu de ton chargeur tant tu es habituée à compter les tirs. « Stay behind the shield. », souffles-tu à Stevie, une dernière caresse sur sa joue du bout de tes doigts, avant d’actionner de nouveau le bouclier à son bras, et de repasser côté conducteur. Rapide coup d’œil en retrait, un Winter Soldier se profilant par la fenêtre passagère du véhicule, prêt à bondir. « He’s coming, can’t you drive faster grandpa? », tu ouvres la boîte à gants et récupère une seconde arme à feu.

Il est là. Sur le toit du véhicule, les doigts de son bras robotique déjà enfoncés dans la tôle abimée. Tu ouvres le feu, visualisant mentalement la position de l’agent qui reste en mouvement. Il arrache la tôle sur plusieurs dizaines de centimètres, dévoilant son visage affreusement familier. Trop identique. Sang-froid. Il glisse son bras au travers pour tenter d’attraper Stevie mais tu t’empares aussitôt du volant, dans les mains de Steve, pour dévier la trajectoire du véhicule et perturber le Winter Soldier. Ton autre bras percute le poignet métallique de l’assassin, sans grand effet, alors tu décoches un tir dans l’épaule visible passant au travers du toit, pile à l’intersection avec sa chair, connaissant parfaitement le corps de l’homme. Il quitte sa position et d’un mouvement de bascule, fait une pirouette pour briser une fenêtre arrière et s’infiltrer sur la banquette arrière, prêt à de nouveau s’en prendre à Stevie. « Hands. Off. My. SON ! », à chaque mot, tu portes un coup franc au visage du soldat, alors qu’il dégaine un couteau de combat qu’il vient planter dans ton siège. Par réflexe, tu te recules pour éviter la lame, et profites de cet instant pour aller chercher son visage de tes deux mains et le planter dans l’appui-tête. Steve à son tour participe, et tu prends le volant tandis qu’il gère les pédales. Votre complicité de combat en éveil, la chorégraphie se déroule parfaitement.

Rapide coup d’œil sur la route. « Hit the breaks ! », hurles-tu à ton partenaire alors que tu braques le volant, la moto de Yelena vous ayant devancé, celle-ci prête à faire feu. Le véhicule fait une rotation sur le côté alors que les balles viennent s’enfoncer dans la tôle du flanc, le winter soldier sans appuis à l’arrière secoué. Toute la circulation sur l’autoroute tombe dans un profond chaos, les accidents ayant lieu sur plusieurs centaines de mètres. L’autre véhicule vient percuter le vôtre de plein fouet, te projetant sur Steve, son conducteur dégainant à son tour une arme, Yelena de l’autre côté fonçant sur vous. Tu enclenches toi-même la marche arrière alors que tu décoches des tirs à travers la vitre conductrice, non loin du visage de Steve, les véhicules fonçant droit sur vous. « Wait. Wait… Wait… NOW ! », il enfonce la pédale d’accélération et votre véhicule procède à sa marche arrière, les véhicules adversaires devant dévier leur trajectoire au dernier moment pour éviter de se percuter. Le Winter Soldier à l’arrière exploite votre coordination pour envoyer son bras mécanique à l’avant et t’attraper à la gorge. Tu tentes de défaire sa prise, vainement, tandis que tu enclenches la marche avant. « Drive… », parviens-tu à lâcher à l’intention de Steve, la voix brisée par l’emprise sur ta gorge. Tu assènes divers coups sur le bras, sans grande réussite. Bras tendu, tu essaies d’attraper l’arme laissé tomber sur le siège, et lorsque tu y parviens et menaces de faire feu en plein visage, le soldat lâche sa prise pour se protéger de son bras. « I take control, you deal with him. », lâches-tu à Steve alors que vous échangez position avec une habilité déconcertantes. Tu es réputée excellente pilote, peut-être que le soldat s’en sortira mieux face au clone de son meilleur ami, et tu gèreras peut-être mieux la route. Tu enfonces la pédale d’accélérateur de ton bolide salement endommagé, tout en aidant d’un bras ton partenaire dans son affront, exploitant le rétroviseur intérieur pour procéder à tes manœuvres.

Lost in the echo

@Natasha A. Romanoff

Brain cleansed, fractured identity
Fragments and scattered debris
Withdraw before you're out of time
Clean slate and buried war crimes

Tout allait vite. Trop vite pour le commun des mortels, mais pas pour nous. Pourtant rien n'était joué malgré notre évasion de la maison, non sans perte et fracas, non sans explosion plus que violente pour faire un maximum de dégâts dans les rangs ennemis et ne laisser aucune trace tout à la fois. A toute vitesse à travers les rues de la banlieue londonienne, l'enchaînement d'attaques de la part de nos poursuivants ne nous laissa d'autre choix que celui de rejoindre l'autoroute la plus proche,. L'objectif dans mon esprit était clair : pour leur échapper, nous devions rejoindre la base du SHIELD la plus proche, ou le coeur de Londres, où le SHIELD était présent à tous les coins de rues. HYDRA ne s'acharnerait pas si nous nous retrouvions au coeur de centaines d'agents, de drones et d'héliporteurs, tout bons Winter Soldiers et Black Widows II qu'ils puissent être. Si déjà ils peinaient à nous attraper tous les deux, ce serait impossible une fois encerclé d'alliés armés jusqu'aux dents et eux se retrouvant, à l'inverse de maintenat, en minorité. C'était donc notre seule chance. J'avais bon espoir que le SHIELD ait détecté également le remue ménage que nous avions provoqué, explosion et mitraille dans un petit quartier ne pouvant passer inaperçu dans un monde sous étroite surveillance, sur le qui-vive face à une guerre totale. Nous allions simplement devoir tenir quelques minutes jusqu'à ce que le SHIELD survienne de nulle part pour nous couvrir. Des minutes qui seraient, comme toujours, interminables ainsi sous le feu des attaques hargneuses de nos ennemis éternels et autres doubles ratés mais dangereux.

Cela se confirma donc immédiatement par une course poursuite endiablée sur l'autoroute, qui ne nous laissa pas une once de répit. Tandis que je conduisais, et gérais les pédales, Natasha se démenait avec le Winter Soldier embarqué à l'arrière de notre véhicule. Notre longue expérience de batailles menées côte à côte nous rendait heureusement extrêmement efficaces. Conduire à deux, tout en se défendant face à Yelena et les copies ratées de mon meilleur ami, était audacieux mais presque de l'ordre de la routine pour nous, malheureusement. Cela n'en restait pas moins périlleux, et un jour, ce type de situation finirait par avoir notre peau. « I take control, you deal with him. » « Copy that ! » obéis-je sans me poser de questions, plus que conscient de l'absence de temps pour tergiverser dans ce genre de situation où tout faux mouvement, toute fausse hésitation, pouvait nous envoyer droit dans l'autre monde. En une seconde et une agilité hors normes malgré l'habitacle étroit, je me retrouvai à l'arrière, faisant immédiatement barrage entre l'assassin et Stevie toujours terrorisé, recroquevillé au sol contre la portière derrière le siège. L'accélération brutale de Natasha, coordonnée avec mon passage arrière, garda le soldat enfoncé en arrière le temps d'une seconde qui l'empêcha de m'attaquer le temps que je le rejoigne. J'en profitai pour envoyer mon poing dans sa mâchoire avec l'élan donné, et engageai le duel sans autre forme de procès. « I really didn't expect our goodbies to be so short to be honest ! » tentai-je avec un humour bancale en plein combat. A force de coups, parades et autres blocages et contre-coups, je réussis à enlacer la ceinture de sécurité autour de son cou et de mon avant-bras le plus opposé à lui, tirant sur la lanière de toute ma force augmentée tout en le frappant et parant ses attaques brusquement désordonnées sous la pression du manque d'air de ma dernière main libre. Il dégaina un poignard et trancha la ceinture, envoyant son pied vers mon visage. Mais en faisant cela, son dos percuta la portière derrière lui, qui s'ouvrit en grand. Je saisis l'opportunité pour bondir sur lui et tenter de le renverser dehors, ma main sur son visage et ses cheveux rasant le bitume qui défilait à vive allure. Pour ne rien arranger, Yelena tentait de me canarder depuis sa moto, ne devant ses tirs ratés qu'aux voitures environnantes se mettant en travers ponctuellement.

« Get... the hell... out of... HERE ! » grognai-je à l'attention de Natasha, chaque mot me coutant un effort drastique pour frapper et frapper encore mon adversaire jusqu'à ce qu'il lâche les côtés de la portière, seules emprises empêchant sa chute définitive. Jusqu'à ce dernier coup violent qui brisa son poignet dans un craquement sinistre. Il chuta, me saisissant au dernier moment pour m'entraîner avec lui, ce dont je n'avais pas douté un instant dans mon action. Mais je m'étais préparé, mon avant-bras toujours enlacé par le morceau de ceinture, et que je verrouillai dans ma poigne dans l'instant. Je me retrouvai les pieds trainant le temps de quelques secondes sur le bitume, brûlant mes chaussures et une partie de mon pantalon avant de parvenir à tirer sèchement sur la sangle pour me ramener en vrac à l'intérieur. Je me jetai allongé pile à temps quand Yelena repassait pour mitrailler, protégeant l'enfant de mon corps, ce qui la fit cesser aussitôt ses tirs pour mieux viser Natasha de nouveau. J'avais plus que constaté qu'aucun d'eux ne visait explicitement Stevie. Ils voulaient nous tuer pour le récupérer, mais en aucun cas le tuer lui.

« Natasha, we won't make it to London like this until SHIELD shows up ! They're too many and they want the kid ! » informai-je ma coéquipière. Notre véhicule, tout équipé qu'il puisse être de par sa propriétaire paranoïaque, n'allait pas indéfiniment encaisser les assauts, surtout avec Belova sur le dos. « Remember Hong Kong in 2006 ? Well, we'll cross the River Thames in a few seconds, it'll be now or never if we want to lose them for good ! » lui dis-je en me redressant pour attraper chaque bord de portières à l'arrière, non seulement pour me stabiliser dans cette conduite effrénée de la part de l'espionne, mais aussi pour calculer mon coup. En effet, un nouveau Winter Soldier venait de bondir sur le toit. Encore. Toujours. Des pitbulls lancés sur nous qui ne cesseraient qu'une fois la mission terminée, ou un contre-ordre donné à leur encontre. Je me recroquevillé sur la banquette arrière, armai mes genoux et relâchai de toute ma force mes pieds dans le toit déjà bien amoché par les combats précédents. Ce dernier céda entièrement et fis office de catapulte, envoyant valser la tôle et le soldat qui se trouvait dessus droit au-devant de la voiture... qui l'écrasa dans la seconde. Pas le temps d'avoir des remords, je me consolai en sachant qu'il ne s'agissait que de clones de Bucky et non de lui-même.

Sachant que Natasha avait compris de quelle mission passée en duo je parlais, je la vis nous rapprocher du bord du pont sur lequel nous venions de nous engager, Londres apparaissant au loin. Trop loin pour y parvenir par la route. Les quinjets du SHIELD étaient dans le ciel, mais tout aussi loin. Le temps allait nous manquer si nous ne coupions pas court à ce désavantage du terrain et du nombre. Si nous ne trouvions pas un moyen de réduire à néant toute leur artillerie capable de nous avoir à distance dès lors que la voiture ne nous protègerait plus. « I hope you kept training your apnea and not only your cooking skills all those past months, 'cause your son will need it ! I'll handle the fall for him and the enemies coming after us, but if they're a bit smart they'll know water will just put them on an equal foot with us compared to now ! They should give up especially with SHIELD coming at us ! So you just go away with the kid ! » dis-je en attrapant Stevie contre mon torse pour me préparer. Il tenait toujours le bouclier fermement, en pleurs, tétanisé, agrippé à mon buste et mes vêtements tachés de sang et de gravats avec toute sa force enfantine. « And Natasha...? That's an order ! » ajoutai-je, autoritaire, mais avec un regard entendu, presque souriant, échangé avec elle à travers son rétroviseur intérieur. Elle était sa mère. Il avait besoin d'elle. Ils étaient prioritaires et je savais qu'au fond elle le comprendrait au lieu de s'entêter comme bien trop souvent. Je comptais sur son analyse pragmatique, semblable à la mienne pour ce genre de choses. Même sans ça, de toute façon, toute autre personne que moi était prioritaire à vrai dire. Mais dans le cas d'une amie, c'était encore plus évident, a fortiori avec un enfant à charge désormais. « NOW ! »

L'embardée fut brutale, esquivant de justesse la nouvelle vague de véhicules d'HYDRA nous prenant en tenaille, derrière et sur les côtés. La barrière fut défoncée, passant dans le sens inverse de la circulation sur la voie adjacente, pour mieux continuer en travers jusqu'au bord dans un total effet de surprise. « Hold your breath Stevie ! » La voiture brisa la dernière barrière et fit le vol plané programmé et je comptais mentalement le nombre de secondes nécessaires et l'angle de la portière ouverte avant de bondir hors de l'habitacle, le gamin contre moi, tel un projectile humain. Me plaçant dos vers le bas pour encaisser la rentrée violente dans le fleuve, je pus voir que Belova s'était arrêtée sur le bord du pont juste à temps, mais pas deux de ses sbires super-soldats dont les motos et les corps volaient à quelques mètres de décalage dans un même arc de cercle derrière nous.

Je percutai l'eau, semblable à du béton du fait de la hauteur, encaissant pour Stevie et nageant sans attendre droit vers Natasha tombée à quelques mètres. Sous l'eau je lui confiai son fils, avec qui elle devrait partager son oxygène sur une bonne longueur afin de rester hors de portée de tout tir contre elle. Un seul regard supplémentaire fut partagé pour lui confirmer qu'elle avait intérêt à partir. Je comptais sur la protection de Stevie pour que Yelena abandonne toute tentative de tir de sniper sur son modèle originel, afin d'éviter de tuer l'enfant, mais avec la Veuve Noire II rien n'était jamais sûr ni acquis, pas plus qu'avec la première d'ailleurs. Quant à moi, je me retournai juste à temps pour encaisser un premier coup de poing sous-marin dans la mâchoire, bien vite attrapé par le dos par le second soldat ce qui me poussa à me débattre furieusement tout en devant garder mon souffle. Le combat sous-marin s'engagea, déjà bien moins dangereux car réduit en nombres et entravés tous autant que nous étions par la masse aquatique qui rendait les armes peu létales voire inutilisables. Tout ce que j'avais à faire, c'était les tenir éloignés de Natasha et de son fils, le temps que le SHIELD arrive enfin par les airs pour les récupérer au coeur du fleuve. Le coeur de Londres était à quelques centaines de mètres à peine, mais à la nage, évidemment, ce n'était pas aussi rapide. Par chance ma rage contre tous ces clones, contre ce qu'ils avaient fait au père du gamin, à Natasha, à Bucky, à moi, au monde, toutes ces années, n'avait pas désempli. La cause de mon combat en cet instant était juste. Je n'avais pas besoin de plus pour me surpasser une fois de plus contre ces énièmes ennemis qui jalonnaient mon existence, aussi dopés puissent-ils être.

* * * * * * * * * *

« How is he ? » demandai-je en rejoignant Natasha dans la chambre militaire fonctionnelle mais impersonnelle qui nous avait été donnée au sein de la base londonienne du SHIELD. Les commandos nous avaient enfin récupérés et cela faisait quelques heures que nous étions enfin à l'abri, à soigner nos blessures. Nombreuses, sans surprise. Ma main tenait toujours la compresse imbibée de sang contre mon flanc, où un poignard cranté s'était fiché dans mon duel sous-marin malgré tout remporté. De l'autre, je tenais une assiette de biscuits et autre nourriture que je posai sur la table basse, à côté de Natasha.

Je m'assis sur l'une des chaises spartiates de la pièce, près du lit où elle se trouvait auprès du gamin. La voir si protectrice était toujours aussi étonnant, et apaisant en même temps. « I'm sorry for your husband... He... He seemed to be a good man... » dis-je plus sombrement, baissant le regard vers le sol le temps d'un instant. L'image de la balle traversant la tête de l'homme flasha devant mes yeux. Ce bonheur si parfait, même idéalisé, même fabriqué, n'en avait pas moins été émotionnellement réel, je l'avais vu dans le regard et l'attitude si sereine, si heureuse, de Natasha. Un bonheur détruit en une fraction de secondes avec toute la violence dont ce monde était capable.

« What do you plan to do now ? I know there's no place entirely safe today in this world, I grant you that, especially with what just happened... but... they're after him now... they won't let go, they never did for you and Bucky... they won't do it for him... » murmurai-je alors que le gamin dormait tout près pour récupérer de ces épreuves terribles. « Whatever choice you make Natasha, disappearing with him or else, I will help you, you know that. You're not alone, and this kid... he's great... he's innocent... he deserves a normal life... at least, the closest to normal you can offer him... Just tell me how I can help you both, » repris-je en relevant mon regard dans le sien. Evidemment que je l'aiderais, si elle le demandait. Et même si elle ne le faisait pas, à vrai dire. Laisser une amie seule face à HYDRA était tout sauf dans ma nature, clairement. Et leur situation était tragique à mes yeux. Natasha méritait tant d'être mère, après tout ce qu'elle avait vécu, enduré, encaissé, sans jamais avoir d'autre famille que ses amis et alliés. C'était certes déjà une victoire en soi, mais rien de comparable à un enfant véritable, à une nouvelle raison de vivre autre que celle du cercle infernal de la guerre éternelle. Si je ne pouvais avoir ce luxe, j'étais prêt à tout pour lui permettre de l'obtenir à présent qu'elle le frôlait du doigt. Je ne savais juste pas encore à quel point je n'en avais pas fini avec eux.

we're standing on a fault line

⋅ ⋅ ⋅ ⋅ they said we could be heroes, save the world from itself, but we're the ones dyin'. they said we could be heroes, fight the villain inside, but the earth started shakin'. we're standing on a fault line.

(( ft @steven g. rogers ))

music ►

Il n’y qu’un régiment de Winter Soldiers mené par l’intellect d’une Black Widow pour parvenir à s’immiscer en Zone Libre de la sorte, Hydra le sait, tout comme Steve et toi le savez. Vous n’aviez cependant guère imaginé qu’ils s’inviteraient de sitôt. Il n’est pas le temps des remords, considérant la course poursuite qui sévit, mais tu ne peux t’empêcher de considérer ta culpabilité : tu as baissé ta garde, tu t’es laissée aller au déni d’une vie paisible, une vie heureuse et comblée, par cette famille aux allures anodines. La Veuve Noire ne peut prétendre à un tel scénario, aucun des pans de ta vie ne débute par Il était une fois pour se clôturer par une fin heureuse. Tu n’y as pas droit, et n’en auras certainement jamais droit. Façonnée pour répandre le chaos, frappant dans l’ombre pour faire sombrer les plus grandes entités de ce monde, sans laisser la moindre trace derrière toi. Ils ne te laisseront jamais tranquille, mais tu t’es surprise à imaginer qu’il pouvait en être autrement, et ton mari en a été abattu de sang-froid, comme tu pouvais abattre tes cibles autrefois. Tu as échoué pour protéger James de tes propres démons, mais ceux-ci n’emporteront pas Stevie, tu t’en fais le serment, et tu ne sembles pas être seule à constater la hargne des coups du soldat, à l’arrière du véhicule.

Te servant seulement du rétroviseur intérieur comme moyen de suivre la lutte qui se joue sur la banquette arrière, tu tentes de concilier la circulation de la route et la posture des deux hommes en prise, pour assister ton ami dans son combat, en donnant de brusques coups de volant pour lui permettre de prendre l’ascendant. Tu joues ainsi sur divers terrains, entre cette aide que tu tentes de lui apporter, ta tentative de semer les individus hostiles, et le véhicule qui vient se coller au tien, Yelena à son contrôle. Au contact, les rétroviseurs extérieurs se brisent, les carrosseries émettent des étincelles par la friction, du fait de vos vitesses. « Sorry to say that, Steve, but I would rather not see your face anymore if that means getting rid of such a pain in the ass. », rétorques-tu, préférant demeurer confortablement installée sur ton canapé réduit en cendres désormais, à dessiner quelques croquis de bâtiments modernes, plutôt que te retrouver dans telle situation. Steve parvient finalement à se débarrasser du clone en l’expulsant par la portière opposée, tandis que tu t’écartes brusquement de ta voie pour te séparer du véhicule de Yelena. Tu t’immisces dangereusement entre deux camions dans cet espace bien trop restreint. La portière arrière précédemment ouverte se brise aussitôt, tandis que toute la carrosserie succombe aux chocs, les étincelles menaçant d’embraser l’éventuelle fuite d’huile du véhicule qui subit tout le chaos de la poursuite. « Remember New-York 2020 ? Did you bring my shampoo with you ? », t’amuses-tu alors que la scène d’Hong Kong se dessine parfaitement dans ton esprit, sa finalité également. Nouveau choc, alors qu’un nouveau Winter Soldier fracasse la tôle du toit du véhicule, mais il ne tarde pas à retourner à l’expéditeur alors que Steve fracasse le toit de ses jambes puissantes. Tu lâches un soupir désespéré. « You owe me a car. », lâches-tu en observant l’homme via le rétroviseur, avant de t’emparer de ton arme de poing laissée sur le siège passager. Tu ne tardes pas à t’extirper des deux camions entre lesquels tu t’étais fourrée, préparant ton tir. Le véhicule de Yelena apparaît de nouveau, tu presses la détente. La balle se loge dans le pneu avant droit qui éclate, lui faisant perdre sa trajectoire considérant l’allure de sa course. Tu en profites pour alors te rapprocher du bord de la route, Steve peaufinant le plan, avant de prendre Stevie contre lui. Tu lances un regard agacé dans le rétroviseur, alors qu’il fait mine de te donner un ordre. Il sait d’ores-et-déjà que tu ne broncheras pas, s’il s’agit de protéger ton enfant. « Steve… ? If you repeat to anyone that i followed your order, nobody will be able to find your body. », rétorques-tu avec tout autant de malice. Lorsqu’il donne l’ordre, tu braques brusquement, fracassant la première barrière qui sépare l’autoroute, sans toutefois relâcher l’accélérateur. Deuxième barrière, les roues tournent dans le vide le plus absolu, alors que l’eau se rapproche dangereusement. Dernier coup d’œil dans le rétroviseur pour observer ce qu’il se trame au bord du pont.

Ce coup d’œil n’a duré qu’une demi-seconde, mais ce laps de temps t’a été largement suffisant pour traiter l’information. Par chance, le toit du véhicule a été fracassé, te donnant un angle idéal pour libérer ton grappin qui vient s’accrocher au pont. Tu t’extraites subitement du véhicule qui percute l’eau, un Winter Soldier s’apprêtant à sauter à son tour. Dans une pirouette finement exécutée, tu dessines un arc de cercle dans l’air pour venir fracasser le thorax du soldat de tes deux jambes armées en amont, accompagnant le coup de divers tirs sur l’individu qui finit par s’échouer dans l’eau, interrompu dans son élan. Ton arc de cercle te mène jusque sous le pont, de quoi te permettre d’y prendre appui pour te propulser dans l’autre sens. Lorsque tu perçois les silhouettes floutées de Steve et ton fils, tu romps la prise de ton grappin pour plonger à l’eau, ton ami te confiant désormais Stevie. Si tu es habituée à retenir ta respiration, ce n’est guère son cas. Démunie de toute réserve à oxygène si ce n’est tes poumons, tu n’as d’autre choix que de lui insuffler ton propre oxygène, mais l’enfant est en panique. Tu bloques son visage de tes deux mains, tes seules jambes pour impulsion pour vous laisser proche de la surface, puis tu lui pinces le nez d’une main pour qu’il n’expire pas par crainte, et bloques son menton de l’autre, avant de lui donner de l’air. De temps à autres, tu jettes un coup d’œil en direction de Steve, espérant qu’il se sorte de son propre combat sous-marin.

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« Exhausted for now, but… I’m not sure he realizes. », réponds-tu au soldat qui te rejoint. Cheveux encore humides, plaisir d’une chevelure comme la tienne, tu utilises une serviette fournie par le SHIELD pour les sécher, tout en observant Stevie sombrer de fatigue, faute à une journée épuisante pour un enfant de trois ans. Tes pensées s’envolent, songeant à son avenir, alors qu’il se retrouve désormais démuni de figure paternelle. Tu n’avais guère imaginé te retrouver dans une chambre de fortune du SHIELD londonien, encore ce matin, alors que tu t’affairais à préparer le petit-déjeuner pour la famille. Tu jettes un regard hâtif à ta cuisse pansée, énième cicatrice que ton corps revête, la balle ayant par chance quitté ta jambe aussi rapidement qu’elle y était entrée. Si le sérum qui coule dans tes veines te permet de cicatriser plus rapidement que la moyenne, cela n’empêchera pas ton corps d’en conserver une séquelle physique. « He is. Was… I loved him. Eventhough that was made up, it was real to me. Sounds weird coming from me, uh ? »,

lâches-tu alors que le soldat prend place sur une chaise devant toi. Tu es prise d’une certaine léthargie. Tu n’es pas habituée à être mère, tu n’as aucun exemple à suivre pour remplir ce rôle, la présence de James se voulait rassurante. Désormais, tu dois être une mère célibataire, officiellement traquée par l’ultime ennemi, sans pouvoir te cacher indéfiniment. Tu pourrais prendre Stevie et voguer de planque en planque, mais ce n’est pas une vie pour un enfant, et tu n’as nul besoin de guide pour le savoir. Tu écoutes le discours de Steve, alors que ton visage baissé observe ton enfant, tes pensées fusant à vive allure dans ton esprit en quête de réponses.

« I know, Steve. It’s my fault. I thought i could leave happily with them, without having to look over my shoulder. I was in a complete denial and… Look at where I am now. Look at where he is. I should have known, I should have been more careful, knowing they would come for me or shall i say, for him. », réponds-tu sans relever le regard, alimentant tes mots par la vision de cet enfant semi-orphelin désormais, et traqué par l’entité la plus puissante du monde actuel. « Choice ? Do you really think that I have any choice of some sort ?! You still impress me sometimes, Steve, with your sweet naivety. », souffles-tu, un sourire faussement amusé aux lèvres. « I’ll track them. I’ll hunt them. I’ll destroy them. The only choice there is, and what i’m going to do. I’m his mother, Steve, he won’t ever have a normal life, there is no such thing for me, you more than anyone should know that. », le ton est sans appel, et ne laisse place à aucune quelconque autre mesure. Tu iras frapper Hydra en plein cœur, seule ou accompagnée. « I’ll get back to New York, eventhough that’s the more dangerous place there is, it’s also the safest. So if you’re offering me your help, you can help me get Hydra on their knees. You can decline, but I’ll do it on my own anyway, if I have to. »,

ton regard se plante désormais dans le sien, dans l’attente de sa réponse. Stevie ne pourra jamais prétendre à la normalité avec une menace comme Hydra au-dessus de sa tête, pure épée de Damoclès qui n’attend que de s’effondrer sur lui. Ton sang coule dans ses veines, ta malédiction avec. Plus de déni, seulement la réalité : tu es vouée à être la Veuve Noire, autant l’être pour le bien de ton enfant, ta chair et ton sang, quand bien même il est issu de la folie d’Hydra.

Lost in the echo

@Natasha A. Romanoff

Brain cleansed, fractured identity
Fragments and scattered debris
Withdraw before you're out of time
Clean slate and buried war crimes

« Sounds not weird to me, just honest. » Un léger sourire, compatissant, bien qu'un peu triste. Qui étais-je pour juger. Que Natasha ait été manipulée ou non par HYDRA, ses sentiments, ses émotions, eux, étaient réels. C'était bien là tout ce qui comptait. Au moins elle en avait eu, cette fois, au lieu de redevenir un corps sans âme comme Bucky. J'eus un sursaut de rire lorsqu'elle s'insurgea contre ma naïveté, qui pourtant n'en était pas, pour moi. « Of course you have choice. Making you believe you don't is letting them win actually, » rétorquai-je sans chercher néanmoins le conflit. Je ne voulais que l'aider, l'apaiser, aussi, après ce qu'elle venait de traverser, devinant aussi les tourments et inquiétudes intérieures qui devaient la torturer concernant l'avenir de son fils.

Tout changeait pour elle. Elle n'était désormais plus la Veuve Noire, solitaire et n'ayant à surveiller sur sa propre vie. Elle était devenue mère, et ne fuyait pas ce rôle. Mais quoi qu'elle pouvait penser, elle avait le choix, pour elle comme pour lui. Je refusais qu'elle considère le contraire. Se laisser enfermer dans un tunnel construit par HYDRA n'était pas envisageable. Cela ne l'empêchait pas d'avoir en partie raison sur la suite. L'impossibilité d'une vie normale, au moins pour elle. Mais pour lui, il y avait encore un semblant d'espoir pour le rapprocher d'une vie qui ne serait pas comme la sienne ou la mienne.

« Indeed, I know... » concédai-je, « But he can have an almost normal life if you want him to. Your life will never be normal, we just saw it the hard way once again today... But you can make everything to give him what you never had. He deserves it, especially after what just happened, » ajoutai-je, certain de mes convictions et définitivement optimiste malgré tout. Bien sûr, la Veuve Noire ressortait déjà les crocs, poignards et autres dards, déjà prête à démolir HYDRA jusqu'à la racine. N'était-ce pas notre volonté depuis le tout début ? Sans jamais vraiment y parvenir, ou seulement temporairement. Une lutte éternelle, binaire, manichéenne, intense, qui était notre environnement naturel, malheureusement. « You call me naive but still think I could say no to help you and your kid ? Come on, Nat'... » Je souris, taquin, mais surtout complice. Jamais je ne pourrais refuser mon aide dans un tel contexte, et à quelqu'un d'aussi proche. Ce serait renier toutes mes valeurs autant que toute mon amitié et mon affection pour elle.

« I just really think you should not put yourself so much again against HYDRA. They wait for you to do it. It's an everlasting circle that you don't need to keep being part of now that you have another reason to live and fight. Besides, we both know, deep inside, that HYDRA, just like SHIELD or Avengers, or heroes, can't be fully defeated. They always come back. We never managed to defeat them properly, you and I. Nobody did, actually, not even Fury, not even cosmic entities or whatever thing like this with full powers... Because they represent ideas, just like us, and ideas will never be killed. Just try to consider it, Nat'. Yes we have to fight HYDRA, as always, but... you have done more than enough, more than the rest of us already against them... you can allow yourself to let others taking this fight over. It must no longer be your priority... He is. »

Je regardai le garçon endormi, éprouvé, malgré ce que ce sommeil pouvait laisser croire. Les atouts de la jeunesse et de ses capacités à ne pas

« In case I wasn't clear, I will help you, of course. After all, apart the fact that I want them down to protect people more than anything else, I have nothing else to do you know, and no reason to do anything else as truly as I fight. Contrary to you, I don't have a son to get me out of this mad circle, sadly the only thing that keeps me going on, » souris-je en levant les bras en guise d'humour dépité, bien qu'au fond j'étais sincère et je sous-entendais clairement qu'elle avait une opportunité en or de quitter ce cercle vicieux entre nous et HYDRA.

Plaisanterie à part, je posai ma main sur son épaule en me levant. « I know you made up your mind, but all I ask is that you consider what I said too. You have a chance, Natasha. A beautiful one. Don't go blind in this war out of revenge or fear for your son. Think about him first. HYDRA have other enemies to fight. » Je fis quelques pas vers la porte, prêt à quitter la chambre. « But for now, you should take example from your kid and rest. I'll go check on SHIELD about what happened and all. Check their intel on it. See you later, » achevai-je d'une voix comme toujours protectrice et rassurante, qu'elle en ait besoin ou non. La simple vision du gamin endormi tout près, et d'elle veillant sur lui, suffisait à m'apaiser après une si difficile journée. La famille. Elle était de ma famille depuis des décennies, et ce gamin aussi depuis quelques heures. J'allais donc forcément tout faire pour les protéger au mieux, sans me douter une seule seconde de l'ampleur des secrets que le mot famille recélait justement nous concernant.

[RP TERMINE]

» Innocence Lost (X-23)
» natasha ►◄ running in the shadows is what she was born to do
» i dance with demons on high wire. (natasha&&lorna)